• La Reine Nicosis, portant des pierreries,
    A pour parure un calme et merveilleux concert
    D’étoffes, où l’éclair d’un flot d’astres se perd
    Dans les lacs de lumière et les flammes fleuries.

    Son vêtement tremblant chargé d’orfévreries
    Est fait d’un tissu rare et sur la pourpre ouvert,
    Où l’or éblouissant, tour à tour rouge et vert,
    Sert de fond...

  • C’est dans un bois sinistre et formidable, au nord
    De la Gaule. Roidis par un suprême effort,
    Les chênes monstrueux supportent avec rage
    Les grands nuages noirs d’où va tomber l’orage ;
    Le matin frissonnant s’éveille, et la clarté
    De l’aube mord déjà le ciel ensanglanté.
    Tout est lugubre et pâle, et les feuilles froissées
    Gémissent, et, géants que de...

  • Je veux chanter ma ballade à mon tour !
    O Poésie, ô ma mère mourante,
    Comme tes fils t’aimaient d’un grand amour,
    Dans ce Paris, en Tan mil huit cent trente !
    Pour eux les docks, l’autrichien, la rente.
    Les mots de Bourse étaient du pur hébreu ;
    Enfant divin, plus beau que Richelieu,
    Musset chantait ; Hugo tenait la lyre.
    Jeune, superbe, écouté...

  • Déesse, dis comment ce fut le Roi, ton fils,
    Guerrier pareil aux Dieux, qui façonna jadis
    La Cithare, pieux vainqueur du fleuve sombre,
    Puis inventa les Chants soumis aux lois du Nombre,
    Envolés & captifs & gardant leur trésor
    Comme un voile fermé par une agrafe d’or !
    Le soir baignait de feux les cimes du Rhodope.
    Ces grands monts désolés que...

  • O nymphe Thalia, tu naissais ! Frais & verts,
    Les clairs feuillages sous les rayons semblaient rire ;
    Le mot Joie en tes yeux divins pouvait se lire,
    Et sur son chariot Thespis chantait des vers !

    On voyait dans son ode, au bord des flots divers
    Le faune poursuivant la faunesse en délire.
    Et Silène endormi, ronflant comme une lyre
    Sur son âne...

  • Les cris des chiens, les voix du cor
    Sonnent dans les bois de Ferrières ;
    L’écho de ces rumeurs guerrières
    Épouvante le frais décor.

    Les habits d’écarlate et d’or
    Resplendissent dans les clairières ;
    Les cris des chiens, les voix du cor
    Sonnent dans les bois de Ferrières.

    Les meutes ont pris leur essor,
    Et le cerf dans les fondrières...

  • La Guerre, ivre de sa colère,
    Embouche ses clairons sonores ;
    Terre, déjà tu te colores
    De ce sang fumant qu’elle flaire.

    L’incendie effrayant l’éclaire,
    Comme de rouges météores ;
    La Guerre, ivre de sa colère,
    Embouche ses clairons sonores.

    Et pour réclamer leur salaire,
    O Dieu ! dans les cieux que tu dores,
    Les vautours, sous l’...

  • Avec ses caprices, la Lune
    Est comme une frivole amante ;
    Elle sourit et se lamente,
    Et vous fuit et vous importune.

    La nuit, suivez-la sur la dune,
    Elle vous raille et vous tourmente ;
    Avec ses caprices, la Lune
    Est comme une frivole amante.

    Et souvent, elle se met une
    Nuée en manière de mante ;
    Elle est absurde, elle est charmante...

  • Nous bénissons la douce Nuit,
    Dont le frais baiser nous délivre.
    Sous ses voiles on se sent vivre
    Sans inquiétude et sans bruit.

    Le souci dévorant s’enfuit ;
    Le parfum de l’air nous enivre ;
    Nous bénissons la douce Nuit,
    Dont le frais baiser nous délivre.

    Pâle songeur qu’un Dieu poursuit,
    Repose-toi, ferme ton livre.
    Dans les cieux...

  • La Paix, au milieu des moissons,
    Allaite de beaux enfants nus.
    A l’entour, des chœurs ingénus
    Dansent au doux bruit des chansons.

    Le soleil rit dans les buissons,
    Et sous les vieux arbres chenus
    La Paix, au milieu des moissons,
    Allaite de beaux enfants nus.

    Les fleurs ont de charmants frissons.
    Les travailleurs aux bras charnus,
    ...