• En Daulphiné Ceres faisoit encor moisson,
    Estant a Millery Bacchus en sa boisson :
    Parquoy ie puis iuger, voyantz les vins si vertz,
    Que Venus sera froide encor ces deux hyuerz.

    En Dauphiné Cérès faisait encore moisson,
    Étant à Millery Bacchus en sa boisson :
    Par quoi je puis juger, voyant les vins si verts,
    Que Vénus sera froide encore ces deux...

  • Je voy bien, ma Dourdouigne, encor humble tu vas :
    De te monstrer Gasconne, en France, tu as honte.
    Si du ruisseau de Sorgue on fait ores grand conte,
    Si a il bien esté quelquefois aussi bas.

    Voys tu le petit Loir comme il haste le pas ?
    Comme desjà parmy les plus grands il se conte ?
    Comme il marche hautain d'une course plus prompte
    Tout à costé...

  • Tant je l'aimais qu'en elle encor je vis
    Et tant la vis, que malgré moi, je l'aime
    Le sens, et l'âme y furent tant ravis,
    Que par l'Oeil fault, que le coeur la désaime.

    Est-il possible en ce degré suprême
    Que fermeté son oultrepas révoque ?

    Tant fut la flamme en nous deux réciproque
    Que mon feu luit, quand le sien clair m'appert,
    ...

  • Baise m'encor, rebaise-moi et baise ;
    Donne m'en un de tes plus savoureux,
    Donne m'en un de tes plus amoureux :
    Je t'en rendrai quatre plus chauds que braise.

    Las ! te plains-tu ? Çà, que ce mal j'apaise,
    En t'en donnant dix autres doucereux.
    Ainsi, mêlant nos baisers tant heureux,
    Jouissons-nous l'un de l'autre à notre aise.

    Lors double vie...

  • Renais, renais encor, Méduse monstrueuse,
    Et transforme en rocher par ton hideux regard
    Ce mien corps transpercé de maint amoureux dard,
    Comme sous forme humaine une mort outrageuse,

    Et mon esprit quittant sa prison douloureuse,
    Dont le destin voudra l'affranchir, mais trop tard,
    Après ce Purgatoire où ce beau Soleil l'ard,
    Ait un antre obscurci pour...

  • Encor que toi, Diane, à Diane tu sois
    Pareille en traits, en grâce, en majesté céleste,
    En coeur, et haut, et chaste, et presqu'en tout le reste
    Fors qu'en l'austérité des virginales lois,

    La riche et rare fleur, qu'en tout ton corps tu vois,
    Ton enbonpoint, ta grâce, et ta vigueur atteste,
    Que puis qu'un autre hymen a dénoué ton ceste
    Virginal, en...

  • Que n'ai-je encor la harpe thracienne,
    Pour réveiller de l'enfer paresseux
    Ces vieux Césars, et les ombres de ceux
    Qui ont bâti cette ville ancienne ?

    Ou que je n'ai celle amphionienne,
    Pour animer d'un accord plus heureux
    De ces vieux murs les ossements pierreux,
    Et restaurer la gloire ausonienne ?

    Pussé-je au moins d'un pinceau plus agile...