• De postposer ta gloire aux lois de son service,
    De n'avoir dans le coeur rien que son nom escrit,
    Et pour charmer un mal qui tous les jours s'aigrit,
    Luy faire incessamment de mon coeur sacrifice ;

    Seigneur, c'est un peché bien digne du supplice
    Que jamais ny l'espoir ny le temps n'amoindrit ;
    Mais procedant d'un coeur que l'Amour attendrit,
    Ma...

  • Adieu la cour, adieu les dames,
    Adieu les filles et les femmes,
    Adieu vous dis pour quelques temps,
    Adieu vos plaisants passetemps ;
    Adieu le bal, adieu la danse,
    Adieu mesure, adieu cadence,
    Tambourin, haubois et violons,
    Puisqu'à la guerre nous allons.
    Adieu les regards gracieux,
    Messagers des coeurs soucieux ;
    Adieu les profondes...

  • Amour, adieu, je prends congé de toi
    Amour, adieu, je m'en vais, je te laisse,
    Je ne veux plus aimer cette maîtresse
    Qui m'a tenu si longtemps en émoi.

    Je ne veux plus la voir rire de moi,
    S'éjouissant de me voir en tristesse.
    Ni son bel oeil, qui m'oeillade sans cesse,
    Ni de sa bouche une parjure foi,

    Ni sa beauté, de moi tant admirée,...

  • Faire ne puis sans deuil et déplaisir
    Ce qu'il convient et force est que je fasse.
    Devoir requiert ce qu'empêche désir ;
    Amour retient ce que raison pourchasse.
    Un bien me rit et l'autre me menace ;
    Dont entre deux convient que je soupire.
    Las ! je veux trop ; mais crainte me retire,
    Qui ne permet que mon mal je découvre.
    En ce tourment adieu je...

  • Ô quel ennui à ceux de départir
    Où ferme amour ne peut être offensée ;
    Laquelle vient toutefois nous partir
    Joie et douleur en secrète pensée.
    Il est bien vrai que n'est pas compensée
    La joie au mal qu'un chacun de nous porte.
    Mais sûre foi de tant nous réconforte
    Qu'il n'y a temps, longue absence ou demeure
    Qui puisse clore à nos désirs la porte...

  • Muses, adieu, et votre chant jazard !
    Adieu Phoebus, et ma fière déesse !
    Livres, adieu, adieu la tourbe espesse
    De mes amys, adieu tout jeu mignard !

    Adieu guiterre, adieu luth babillard,
    Toute harmonie et tout son de liesse,
    Gemmes, parfums, et toute gentillesse,
    Tout lieu hanté, tout ombrage à l'écart !

    Ainsy la mort, par une blanche voye...

  • Quand je te dis adieu, pour m'en venir ici,
    Tu me dis, mon La Haye, il m'en souvient encore :
    Souvienne-toi, Bellay, de ce que tu es ore,
    Et comme tu t'en vas, retourne-t'en ainsi.

    Et tel comme je vins, je m'en retourne aussi :
    Hormis un repentir qui le coeur me dévore,
    Qui me ride le front, qui mon chef décolore,
    Et qui me fait plus bas enfoncer le...