•  
    Palès fait gazouiller la flûte sous ses doigts,
    Mélène sous sa lèvre anime le hautbois,
    Et chacun à son tour que la lutte stimule
    Module un chant qui monte au fond du crépuscule ;
    Hermione aux longs yeux de longs cils ombragés,
    Un doigt contre sa joue, écoute les bergers.
    Hermione est au seuil de la quinzième année ;
    Son âme douce est comme une...

  •  
    Mars préside aux travaux de la jeune saison ;
    A peine l’aube errante au bord de l’horizon
    Teinte de pâle argent la mare solitaire,
    Le laboureur, fidèle ouvrier de la terre,
    Penché sur la charrue, ouvre d’un soc profond
    Le sein toujours blessé, le sein toujours fécond.
    Sous l’inflexible joug qu’un cuir noue à leurs cornes,
    Les bœufs à l’œil...

  •  
    La maison du matin rit au bord de la mer,
    La maison blanche, au toit de tuiles rose clair.
    Derrière un pâle écran de frêle mousseline,
    Le soleil luit, voilé comme une perle fine ;
    Et du haut des rochers redoutés du marin,
    Tout l’espace frissonne au vent frais du matin.
    Lyda, debout au seuil que la vigne décore,
    Un enfant sur les bras, sourit,...

  •  
    Le troupeau maigre épars aux roches du rivage
    Broute le noir genièvre et la menthe sauvage...
    Au large la mer luit comme un métal ardent.
    Soudain le bouc lascif se dresse et, titubant,
    Sur la chèvre efflanquée à l’échiné rugueuse
    Satisfait au soleil sa luxure fougueuse.
    Et Mnasyle, l’éphèbe en fleur de Scyoné,
    Aussi beau qu’une vierge et d’iris...

  •  
    Myrtil et Palémone, enfants chers aux bergers,
    Se poursuivent dans l’herbe épaisse des vergers,
    Et font fuir devant eux, en de bruyantes joies,
    La file solennelle et stupide des oies.
    Or Myrtil a vaincu Palémone en ses jeux ;
    Comme il l'étreint, rieuse, entre ses bras fougueux,
    Il frémit de sentir, sous les toiles légères;
    Palpiter tout à coup...

  •  
    La famille nombreuse, et par les dieux comblée,
    Tout autour de la table est encor rassemblée :
    Elyone au long col, Lydie aux seins naissants,
    Nyza dont la voix triste a de si purs accents,
    Myrte agile et robuste, Ixène douce et blanche.
    La mère aux lourds bandeaux sur les petits se penche ;
    Myrte rit aux éclats ; Ixène jette un cri ;
    Et le père...

  •  
    Dans la salle en rumeur un silence a passé...
    Pannyre aux talons d’or s’avance pour danser.
    Un voile aux mille plis la cache tout entière.
    D’un long trille d’argent la flûte la première
    L’invite ; elle s’élance, entre-croise ses pas,
    Et, du lent mouvement imprimé par ses bras,
    Donne un rythme bizarre à l’étoffe nombreuse,
    Qui s’élargit, ondule...

  •  
    Le petit Palémon, grand de huit ans à peine,
    Maintient en vain le bouc qui résiste et l’entraîne,
    Et le force à courir à travers le jardin,
    Et brusquement recule et s’élance soudain.
    Ils luttent corps à corps ; le bouc fougueux s’efforce ;
    Mais l’enfant, qui s’arc-boute et renverse le torse,
    Étreint le cou rebelle entre ses petits bras,
    Se gare...

  •  
    Dans l’après midi chaude où dorment les oiseaux
    Au fond de l’antre empli d’un clair murmure d’eaux
    Rhodante, nue, a fui les champs où luit la flamme ;
    Et sa ceinture gît sur ses voiles de femme.
    Rhodante est fine et chaude avec des flancs légers ;
    Le fruit brun de son corps fait languir les bergers.
    Dans son sang orageux comme un soir de vendanges...

  •  
    Polybe, le vieillard aux secrets merveilleux,
    Que cent ans de sagesse ont fait semblable aux dieux,
    Assis près de Clydès le pâtre sur la mousse,
    Écoute, en lui parlant, descendre la nuit douce,
    Et regarde, pensif, dans .le golfe désert
    Les constellations se lever sur la mer...
    Clydès est pur et doux ; sa chevelure brune
    Couvre un beau front...