• II

    L'empereur fait la guerre au roi.

    Nous nous disions :
    - Les guerres sont le seuil des révolutions. -
    Nous pensions : - C'est la guerre. Oui, mais la guerre grande.
    L'enfer veut un laurier ; la mort veut une offrande ;
    Ces deux rois ont juré d'éteindre le soleil ;
    Le sang du globe va couler, vaste et vermeil,
    Et...

  • VIII

    Tu viens d'incendier la Bibliothèque ? - Oui.
    J'ai mis le feu là. - Mais c'est un crime inouï !
    Crime commis par toi contre toi-même, infâme !
    Mais tu viens de tuer le rayon de ton âme !
    C'est ton propre flambeau que tu viens de souffler !
    Ce que ta rage impie et folle ose brûler,
    C'est ton bien, ton trésor, ta dot, ton...

  • IX

    Sachez-le, puisqu'il faut, Teutons, qu'on vous l'apprenne,
    Non, vous ne prendrez pas l'Alsace et la Lorraine,
    Et c'est nous qui prendrons l'Allemagne. Ecoutez :
    Franchir notre frontière, entrer dans nos cités,
    Voir chez nous les esprits marcher, lire nos livres,
    Respirer l'air profond dont nos penseurs sont ivres,
    C'est...

  • XXIII

    À quoi je songe ? — Hélas ! loin du toit où vous êtes,
    Enfants, je songe à vous ! à vous, mes jeunes têtes,
    Espoir de mon été déjà penchant et mûr,
    Rameaux dont, tous les ans, l’ombre croît sur mon mur,
    Douces âmes à peine au...

  • III

    Rois teutons, vous avez mal copié vos pères.
    Ils se précipitaient hors de leurs grands repaires,
    Le glaive au poing, tâchant d'avoir ceci pour eux
    D'être les plus vaillants et non les plus nombreux.
    Vous, vous faites la guerre autrement.

    On se glisse
    Sans bruit, dans l'ombre, avec le hasard pour complice,
    Jusque...

  • Prends garde à Marchangy. La prose poétique
    Est une ornière où geint le vieux Pégase étique.
    Tout autant que le vers, certes, la prose a droit
    À la juste cadence, au rhythme divin ; soit ;
    Pourvu que, sans singer le mètre, la cadence
    S’y cache et que le rhythme austère s’y condense.
    La prose en vain essaie un essor assommant.
    Le vers s’envole au ciel...

  • Tu savais bien qu’un jour il faudrait choir enfin,
    Mais tu n’imaginais ni Séjan, ni Rufin.
    Tu te croyais de ceux que la haine publique
    Frappe furtivement d’un coup de foudre oblique ;
    Tu t’étais figuré qu’on te renverserait
    Sans te faire de mal, doucement, en secret,
    Avec précaution, sans bruit, à la nuit close,
    Et priant un ami de te dire la chose,...

  • XXI

    À un poëte

    Ami, cache ta vie et répands ton esprit.

    Un tertre, où le gazon diversement fleurit ;
    Des ravins où l’on voit grimper les chèvres blanches ;
    Un vallon, abrité...

  • XIX

    Jeune homme ! je te plains ; et cependant j’admire
    Ton grand parc enchanté qui semble nous sourire,
    Qui fait, vu de ton seuil, le tour de l’horizon,
    Grave ou joyeux suivant le jour et la saison,
    Coupé d’herbe et d’eau vive, et...

  • XXVIII

    Voyez-vous, un parfum éveille la pensée.
    Repliez, belle enfant par l’aube caressée,
    Cet éventail ailé, pourpre, or et vermillon,
    Qui tremble dans vos mains comme un grand papillon,
    Et puis écoutez-moi. — Dieu fait l’odeur des...