• Ce siècle est grand et fort. Un noble instinct le mène.
    Partout on voit marcher l’idée en mission ;
    Et le bruit du travail, plein de parole humaine,
    Se mêle au bruit divin de la création

    Partout, dans les cités et dans les solitudes,
    L’homme est fidèle au lait dont nous le nourrissions ;
    Et dans l’informe bloc des sombres multitudes
    La pensée en...

  • Omer, scheik de l’Islam et de la loi nouvelle
    Que Mahomet ajoute à ce qu’Issa révèle,
    Marchant, puis s’arrêtant, et sur son long bâton,
    Par moments, comme un pâtre, appuyant son menton,
    Errait près de Djeddah la sainte, sur la grève
    De la mer Rouge, où Dieu luit comme au fond d’un rêve,
    Dans le désert jadis noir de l’ombre des cieux,
    Où Moïse voilé...

  •  
    De quel droit mettez-vous des oiseaux dans des cages ?

    De quel droit ôtez-vous ces chanteurs aux bocages,
    Aux sources, à l'aurore, à la nuée, aux vents ?
    De quel droit volez-vous la vie à des vivants ?
    Homme, crois-tu que Dieu, ce père, fasse naître
    L'aile pour l'accrocher au clou de ta fenêtre ?
    Ne peux-tu vivre heureux et content sans cela ?...

  •  
    Jarn gelidas cursu Ccesar superaverat Alpes, etc.
    (LUCAIN, Phars., lib. 1.)

    Déjà, des monts Alpins, qu’il avait su franchir,
    César voyait au loin les vieux sommets blanchir ;
    Des bords du Rubicon menaçant l’Italie,
    De la guerre à venir son âme était remplie.
    Une nuit, à ses yeux apparaît, toute en pleurs,
    La tremblante Patrie,...

  •  
    Il est un peu tard pour faire la belle,
    Reine marguerite ; aux champs défleuris
    Bientôt vont souffler le givre et la grêle.
    — Passant, l’hiver vient, et je lui souris.

    Il est un peu tard pour faire la belle,
    Étoile du soir ; les rayons taris
    Sont tous retournés à l’aube éternelle.
    — Passant, la nuit vient, et je lui souris.

    Il est un...

  •  
    J’aime à me figurer, de longs voiles couvertes,
    Des vierges qui s’en vont chantant dans les chemins
    Et qui sortent d’un temple avec des palmes vertes
    Aux mains ;

    Un rêve qui me plaît dans mes heures moroses,
    C’est un groupe d’enfants dansant dans l’ombre en rond,
    Joyeux, avec le rire à la bouche et des roses
    Au front !

    Un rêve qui m’...

  •  
    Proscrit, regarde les roses ;
    Mai joyeux, de l’aube en pleurs
    Les reçoit toutes écloses ;
    Proscrit, regarde les fleurs.

    — Je pense
    Aux roses que je semai.
    Le mois de mai sans la France,
    Ce n’est pas le mois de mai.

    Proscrit, regarde les tombes ;
    Mai, qui rit aux cieux si beaux,
    Sous les baisers des colombes
    Fait...

  • Quelqu’un connaît-il ma cachette ?
    C’est un lieu calme, où le ciel clair
    En un jour de printemps rachète
    Le mal qu’ont fait six mois d’hiver.

    Il y coule des eaux charmantes ;
    L’iris y naît dans les roseaux ;
    Et le murmure des amantes
    S’y mêle au babil des oiseaux.

    Là vivent, dans les fleurs, des groupes
    Épars, et parfois réunis,
    ...

  •  
    Jamais elle ne raille,
    Étant un calme esprit ;
    Mais toujours elle rit. -
    Voici des brins de mousse avec des brins de paille ;
    Fauvette des roseaux,
    Fais ton nid sur les eaux.

    Quand sous la clarté douce
    Qui sort de tes beaux yeux,
    On passe, on est joyeux. -
    Voici des brins de paille avec des brins de mousse ;
    Martinet de l’...

  •  
    Me voilà, je suis un éphèbe,
    Mes seize ans sont d'azur baignés ;
    Guerre, déesse de l'érèbe,
    Sombre guerre aux cris indignés,

    Je viens à toi, la nuit est noire !
    Puisque Xercès est le plus fort,
    Prends-moi pour la lutte et la gloire
    Et pour la tombe ; mais d'abord

    Toi dont le glaive est le ministre,
    Toi que l'éclair suit dans les...