• Ta douleur, du Périer, sera donc éternelle,
    Et les tristes discours
    Que te met en l'esprit l'amitié paternelle
    L'augmenteront toujours

    Le malheur de ta fille au tombeau descendue
    Par un commun trépas,
    Est-ce quelque dédale, où ta raison perdue
    Ne se retrouve pas ?

    Je sais de quels appas son enfance était pleine,
    Et n'ai pas entrepris,...

  • Certaine fille un peu trop fière
    Prétendait trouver un mari
    Jeune, bien fait et beau, d'agréable manière.
    Point froid et point jaloux ; notez ces deux points-ci.
    Cette fille voulait aussi
    Qu'il eût du bien, de la naissance,
    De l'esprit, enfin tout. Mais qui peut tout avoir ?
    Le destin se montra soigneux de la pourvoir :
    Il vint des partis d'importance....

  • Une Souris tomba du bec d'un Chat-Huant :
    Je ne l'eusse pas ramassée ;
    Mais un Bramin le fit ; je le crois aisément :
    Chaque pays a sa pensée.
    La Souris était fort froissée :
    De cette sorte de prochain
    Nous nous soucions peu : mais le peuple bramin
    Le traite en frère ; ils ont en tête
    Que notre âme au sortir d'un Roi,
    Entre dans un ciron, ou dans...

  • O mon enfant, tu vois, je me soumets.
    Fais comme moi : vis du monde éloignée ;
    Heureuse ? non ; triomphante ? jamais.
    -- Résignée ! --

    Sois bonne et douce, et lève un front pieux.
    Comme le jour dans les cieux met sa flamme,
    Toi, mon enfant, dans l'azur de tes yeux
    Mets ton âme !

    Nul n'est heureux et nul n'est triomphant.
    L'heure...

  • Tout enfant, tu dormais près de moi, rose et fraîche,
    Comme un petit Jésus assoupi dans sa crèche ;
    Ton pur sommeil était si calme et si charmant
    Que tu n'entendais pas l'oiseau chanter dans l'ombre ;
    Moi, pensif, j'aspirais toute la douceur sombre
    Du mystérieux firmament.

    Et j'écoutais voler sur ta tête les anges ;
    Et je te regardais dormir ; et sur...

  • Vous qui ne savez pas combien l'enfance est belle,
    Enfant ! n'enviez point notre âge de douleurs,
    Où le coeur tour à tour est esclave et rebelle,
    Où le rire est souvent plus triste que vos pleurs.

    Votre âge insouciant est si doux qu'on l'oublie !
    Il passe, comme un souffle au vaste champ des airs,
    Comme une voix joyeuse en fuyant affaiblie,
    Comme un...

  • Jeune fille, l'amour, c'est d'abord un miroir
    Où la femme coquette et belle aime à se voir,
    Et, gaie ou rêveuse, se penche ;
    Puis, comme la vertu, quand il a votre coeur,
    Il en chasse le mal et le vice moqueur,
    Et vous fait l'âme pure et blanche ;

    Puis on descend un peu, le pied vous glisse... - Alors
    C'est un abîme ! en vain la main s'attache aux...

  • Fille du vieux pasteur, qui d'une main agile
    Le soir emplis de lait trente vases d'argile,
    Crains la génisse pourpre, au farouche regard,
    Qui marche toujours seule, et qui paît à l'écart.
    Libre, elle lutte et fuit intraitable et rebelle.
    Tu ne presseras point sa féconde mamelle,
    A moins qu'avec adresse un de ses pieds lié
    Sous un cuir souple et lent ne...

  • Jeune fille, ton coeur avec nous veut se taire
    Tu fuis, tu ne ris plus ; rien ne saurait te plaire.
    La soie à tes travaux offre en vain des couleurs ;
    L'aiguille sous tes doigts n'anime plus des fleurs.
    Tu n'aimes qu'à rêver, muette, seule, errante,
    Et la rose pâlit sur ta bouche mourante.
    Ah ! mon oeil est savant et depuis plus d'un jour,
    Et ce n'est...

  • A Herminie.

    Je suis blonde et charmante,
    Ailée et transparente,
    Sylphe, follet léger, je suis fille de l'air,
    Que puis-je avoir à craindre ?
    Une nuit de m'éteindre ?
    Qu'importe de mourir comme meurt un éclair !

    Je vole sur la nue ;
    Aux mortels inconnue,
    Je dispute en riant la vitesse aux zéphirs !
    Il n'est point de tempête...