Trois jours entiers, et trois entieres nuits,
Bien lentement se sont passez depuis
Que j'ay perdu la clarté souveraine
De deux Soleils, les beaux yeux de ma Reine,
Pour qui les miens souloient* estre conduits.
Sans leur objet je pleure, et je ne puis
Trouver remede au tourment où je suis,
Et chaque instant me dure en cette peine
Trois jours...
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Si haut je veux louër Sylvie,
Que tout autre en meure d'envie :
Sa personne est pleine d'appas,
Les Amours naissent sous ses pas,
Et c'est par eux qu'elle est servie.
De cent vertus elle est suivie,
Son coeur tient mon ame ravie,
Et les Conquerans ne l'ont pas
Si haut.
Quoy que mon amour m'y convie,
Ma langue au secret... -
sur une Dame, dont la juppe
fut retroussée
en versant dans un carrosse, à la campagne.
Philis, je suis dessous vos loix,
Et sans remede à cette fois,
Mon ame est vostre prisonniere :
Mais sans justice et sans raison,
Vous m'avez pris par le derriere,
N'est-ce pas une trahison ?
Je m'estois gardé de vos yeux
Et ce visage... -
Pour vos beaux yeux qui me vont consumant,
L'Amour n'a point de peine et de tourment,
De feu cuisant, ny de cruel martyre,
Que de bon coeur je ne voulusse élire,
Et qu'on ne doive endurer doucement.
Tout l'Univers n'a rien de si charmant,
Et s'il estoit sous mon commandement,
Je quitterois volontiers son empire
Pour vos beaux yeux.
... -
Pour vos beaux yeux autheurs de mon trespas,
Hier dans le Ciel se firent maints combats,
L'Amour ayant dit tout haut à sa mere,
Qu'ils surpassoient en douceur et lumière
Ceux de là haut, comme ceux d'icy bas.
Mars avoüa qu'ils avoient plus d'appas,
Saturne mesme alors hastant le pas,
Vint l'approuver, et parut moins severe
Pour vos beaux yeux... -
Ci gist un petit garçonnet
Qui mourut par les mains cruelles
De deux mechantes demoiselles
Sur le chemin de Bagnolet.
Mais son trepas fut glorieux
Autant que sa mort fut cruelle,
Puisqu'il mourut devant les yeux
De la princesse la plus belle
Qui fust jamais dessous les cieux. -
L'Amour sous sa loy
N'a jamais eu d'Amant plus heureux que moy ;
Benit soit son flambeau,
Son carquois, son bandeau,
Je suis amoureux,
Et le Ciel ne voit point d'Amant plus heureux.
Mes jours et mes nuits
Ont bien peu de repos, et beaucoup d'ennuis ;
Je me meurs de langueur,
J'ay le feu dans le coeur,
Je suis amoureux,
Et le Ciel... -
D'un buveur d'eau, comme avez débattu,
Le sang n'est point de glace revêtu,
Mais si bouillant et si chaud au contraire
Que chaque veine est en eux une artère
Pleine de sang, de force et de vertu.
Le feu par l'eau faiblement combattu,
Croissant sa force au lieu d'être abattu,
Va redoublant la chaleur ordinaire
D'un buveur d'eau.
... -
Belles fleurs, dont je voy ces jardins embellis,
Chastes Nymphes, l'Amour et le soin de l'Aurore,
Innocentes beautez que le Soleil adore,
Dont l'éclat rend la Terre et les Cieux embellis.
Allez rendre l'hommage au beau teint de Philis,
Nommez-la vostre Reine, et confessez encore,
Qu'elle est plus éclattante et plus belle que Flore,
Lors qu'elle a... -
Sous un habit de fleurs, la Nymphe que j'adore,
L'autre soir apparut si brillante en ces lieux,
Qu'à l'éclat de son teint et celui de ses yeux,
Tout le monde la prit pour la naissante Aurore.
La Terre, en la voyant, fit mille fleurs éclore,
L'air fut partout rempli de chants mélodieux,
Et les feux de la nuit pâlirent dans les Cieux,
Et crurent que...