• Encaissé dans un lit aux arêtes rugueuses,
    Entre deux pans abrupts rongés par le courant,
    Tout au fond d'un ravin sinueux, le torrent,
    Avec un bruit confus, roule ses eaux fougueuses.

    Du rivage escarpé jusqu'au bois odorant,
    Dont l'ombre couvre au loin ces grèves rocailleuses,
    Des gradins encadrés de sapins et d'yeuses,
    Taillés dans le granit, s'...

  • C'est l'automne. Le vent balance
    Les ramilles, et par moments
    Interrompt le profond silence
    Qui plane sur les bois dormants.

    Des flaques de lumière douce,
    Tombant des feuillages touffus,
    Dorent les lichens et la mousse
    Qui croissent au pied des grands fûts.

    De temps en temps, sur le rivage,
    Dans l'anse où va boire le daim,
    ...

  • Chênes au front pensif, grands pins mystérieux,
    Vieux troncs penchés au bord des torrents furieux,
    Dans votre rêverie éternelle et hautaine,
    Songez-vous quelquefois à l'époque lointaine
    Où le sauvage écho des déserts canadiens
    Ne connaissait encor que la voix des Indiens
    Qui, groupés sous l'abri de vos branches compactes,
    Mêlaient leurs chants de guerre au...

  • Aux pans du ciel l'hiver drape un nouveau décor ;
    Au firmament l'azur de tons roses s'allume ;
    Sur nos trottoirs un vent plus doux enfle la plume
    Des petits moineaux gris qu'on y retrouve encor.

    Maint coup sec retentit dans la forêt qui dort ;
    Et, dans les ravins creux qui s'emplissent de brume,
    Aux franges du brouillard malsain qui nous enrhume
    L'...

  • Combien ai-je de fois, le front mélancolique,
    Baisé pieusement ta touchante relique,
    Ô Montcalm ! ce drapeau témoin de tant d'efforts,
    Ce drapeau glorieux que chanta Crémazie !,
    Drapeau qui n'a jamais connu d'apostasie,
    Et que la France, un jour, oublia sur nos bords !

    Devant ces plis sacrés troués par les tempêtes
    Qui tant de fois jadis ont tonné sur...

  • La pâle nuit d'automne
    De ténèbres couronne
    Le front gris du manoir ;
    Morne et silencieuse,
    L'ombre s'assied, rêveuse,
    Sous le vieux sapin noir.

    Au firmament ses voiles
    Sont parsemés d'étoiles
    Dont le regard changeant,
    Sur la nappe des ondes,
    Répand en gerbes blondes
    Ses paillettes d'argent.

    Dans le ciel en silence
    La...

  • Chateau de Prosper Blanchemain

    Ce fut, dit-on, jadis un paisible couvent
    Coquettement caché sur les bords où la Creuse
    Avec un bruit d'écluse, en serpentant se creuse
    Un lit sonore et frais sous le saule mouvant.

    Des grands arbres perçant la voûte ténébreuse,
    Sa tour jumelle luit sous le soleil levant.. .
    Je ne l'ai jamais vu, mais en rêve...

  • C'est le dernier soupir d'un monde agonisant.
    Venez voir ces débris des antiques peuplades,
    Anciens rois du désert, terribles ancelades
    Ecrasés sous le poids des choses d'à présent.

    Arrêtons-nous ici, non loin de ces cascades.
    Regardez ce hameau qui n'a rien d'imposant.
    C'est là... Dire qu'on peut visiter en causant
    Ces lieux témoins de tant de...

  • A Mlle ***

    Voici le Printemps, la saison des roses.
    Plus de rameaux nus, de gazons jaunis ;
    Plus de froids matins ni de soirs moroses
    Voici le Printemps et ses jours bénis.

    Voici le Printemps : aux fleurs demi-closes
    La brise qui vient des bois rajeunis
    Murmure tout bas de divines choses...
    Voici le Printemps, la saison des nids.
    ...

  • A Mlles Letellier de Saint-Just

    En amont de Québec, on fait la découverte
    D'un pavillon tout blanc coquettement posé
    Sur l'angle à pic d'un roc au long flanc ardoisé,
    Et donc la large épaule est de grands pins couverte.

    Plus loin, s'il plonge un peu sur le sommet boisé,
    L'oeil aperçoit, au fond d'une clairière verte,
    Une altière villa dont la...