D'un triste désespoir ma vie je bourrelle,
Je la veux obscurcir d'une nuit éternelle,
Puisque je suis si loin de mon heureux soleil,
Car sans âme je vis, sans poumon je respire,
Et absent de mon bien mon douloureux martyre
Ensevelit mon coeur sous l'oublieux...

Ta douleur, du Perrier, sera donc éternelle ?
      Et les tristes discours
Que te met en l’esprit l’amitié paternelle
      L’augmenteront toujours ?

Le malheur de ta fille au tombeau descendue
      Par un commun trépas,
Est-ce quelque dédale où ta raison...

D'autant que l'arrogance est pire que l'humblesse,
Que les pompes et fards sont tousjours desplaisans,
Que les riches habits d'artifice pesans
Ne sont jamais si beaux que la pure simplesse:

D'autant que l'innocente et peu caute jeunesse
D'une vierge vaut mieux en...

 
De mon sang exhalé toute l'humeur périe
Me laisse desséché, et l'esprit de mon cœur
Éteint par trop d'ennui, me pousse en ma douleur
Aux extrêmes effets de la mélancolie.

Ha ! presque hors de moi forcenant de furie,
Tué, brisé, rompu, accablé de malheur,...

Desires-tu savoir à quoi je parangonne
Le fuseau de tes ans ? Au savon blanchissant
Soufflé par un tuyau de paille jaunissant,
Dont un fol enfançon ses compagnons étonne ;

En son lustre plus beau sa gloire l’abandonne,
Au moindre choc de l’air, fragile, se...

D'un profond pensement j'avois si fort troublee
L'imagination, qui toute en vous estoit,
Que mon ame à tous coups de mes lévres sortoit,
Pour estre, en me laissant, à la vostre assemblee.

J'ay cent fois la fuitive à l'hostel r'appellee,
Qu'Amour me desbauchoit:...

Durant l’aspre saison des froidureus hyvers
Il semble aus regardans que les arbres ternissent
Et, toutefois, les troncs en terre se nourrissent
D’où sortent au Printems tant de fleurons divers.

C’est alors que les chams et que les prez sont vers,
Mais au chaud de...

En Daulphiné Ceres faisoit encor moisson,
Estant a Millery Bacchus en sa boisson :
Parquoy ie puis iuger, voyantz les vins si vertz,
Que Venus sera froide encor ces deux hyuerz.

En Dauphiné Cérès faisait encore moisson,
Étant à Millery Bacchus en sa boisson :...

Esprit celeste, & des Dieux transformé
En corps mortel transmis en ce bas Monde,
A Apollo peulx estre conformé
Pour la vertu, dont es la source, & l’onde.
Ton eloquence avecques ta faconde,
Et hault sçavoir, auquel tu es appris,
Demonstre assez le...

Est-il rien de plus vain qu’un songe mensonger,
Un songe passager vagabond et muable ?
La vie est toutefois au songe comparable
Au songe vagabond muable et passager :
 
Est-il rien de plus vain que l’ombrage leger,
L’ombrage remuant, inconstant, et peu stable...