« Encore un clou ! plus qu’un, et ma besogne est faite.
« Je m’en doutais ; c’est drôle et, sans être prophète,
« Je m’étais toujours dit : « Ce riche mourra tôt. »
« Je n’ai pas épargné les bons coups de marteau,
« Et je puis me vanter que sa bière est parfaite !
« J’ai vu sa face : elle est horrible et stupéfaite !
« Il sera mort sans doute au milieu d’une...
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Enfin débarrassé du père
Et du grand fils, — vœux triomphants ! —
J’allais donc en certain repaire
Tuer la mère et les enfants !Je fus les attendre à la gare,
Dans la nuit froide, sans manteau ;
J’avais à la bouche un cigare
Et dans ma poche un long couteau.Tout entier au plan du massacre,
Si pesé dès qu’il fut éclos,
Je m... -
Le vieux qui, vert encore, approchait des cent ans,
Me dit : « Malgré l’soin d’mes enfants
Et les bontés d’mon voisinage,
J’suis seul, ayant perdu tous ceux qui s’raient d’mon âge.Vous ? vot’...
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Les choses formant d’habitude
Au plus fauve endroit leur tableau :
Les rochers, les arbres et l’eau,
Manquent à cette solitude.D’un gris fané de vieille laine,
De couleur verte dénué
Et de partout continué
Par l’indéfini de la plaine,Tel ce champ étend sa tristesse,
Sans un genêt, sans un chardon,
La ronce, indice d’abandon,... -
Le chapeau sur la tête et la canne à la main,
Serrant dans un frac noir sa rigide ossature,
Il allait et venait au bord de la toiture,
D’un air automatique et d’un pas surhumain.Singulier promeneur, spectre et caricature,
Sans cesse, il refaisait son terrible chemin.
Sur le ciel orageux, couleur de parchemin,
Il dessinait sa haute et funèbre... -
Mère des cauchemars amoureux et funèbres,
Madone des voleurs, complice des tripots,
Ô nuit, qui fais gémir les hiboux, tes suppôts,
Dans le recueillement de tes froides ténèbres,Que tu couvres de poix opaque ou que tu zèbres
Les objets las du jour et friands de repos,
Je t’aime, car tu rends mon esprit plus dispos,
Et tu calmes mon cœur, mon... -
« C’est la solitude infinie
Ici chez vous, père Grelet !
Pas même un chat pour compagnie ? »
— « Ma foi non ! mais, j’ai mon soufflet.Il a des bras comme un’ charrue
Et des pectoraux comme un bœuf.
J’l’ai vu toujours, i’ n’est pas neuf.
Hein ? quell’ taille et quell’ min’ bourrue !Dam ! c’est pas mignon comm’ les vôtres.
Son fer, ses... -
Le braconnier ayant lu sur sa vieille ardoise
Que je lui demandais son histoire, sourit,
Et, dans son clair regard me dardant son esprit,
Ainsi parla, de voix bonhomique et narquoise :« C’que j’vas vous dir’ c’est pas au mensong’ que j’l’emprunte !
J’suis sourd, mais si tell’ment que j’n’entends pas, ma foi
Partir mon coup d’fusil — ben q’pourtant j’eus... -
Tandis qu’au soleil lourd la campagne d’automne
Filait inertement son rêve de stupeur,
Nous traversions la brande aride et monotone
Où le merle envahi du spleen enveloppeur
Avait un vol furtif et tremblotant de peur.
Nous longions un pacage, un taillis, une vigne ;
Puis au fond du ravin que la ronce égratigne
Apparaissait la Creuse aux abords... -
Dans ce pays lugubre et si loin de la foule,
Un cimetière d’autrefois,
Bien souvent m’attirait avec sa grande croix
Dont la tête et les bras se terminaient en boule.Or, fin d’automne, un soir que tout était plongé
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