• Ma belle Dame de BOURRON,
    Le pauvre Diable de Scarron
    Tres-humblement vous remercie
    De vos trois melons et vous prie
    De vous contenter bonnement
    De son petit remerciment.
    Il voudroit bien, à la pareille,
    Vous envoyer quelque merveille ;
    Car merveille peut on nommer
    Le melon qu'il vient d'entamer ;
    Mais chez un homme de sa sorte
    Que rien n'...

  • Pour la remercier d'un pot de coins.

    Rondeau redoublé.

    Vostre laquais verd, jaune ou gris,
    Ô Dame toute liberale,
    M'a presenté vostre regalle ;
    C'est pourquoy ce Rondeau j'escris.

    Un matin, ma servante à cale,
    Aussi-tost que les yeux j'ouvris,
    Fit entrer dans ma chambre sale
    Vostre laquais verd, jaune ou gris.

    Vos...

  • Madame, ce matin je vous offre une fleur
    Qui du sang de Narcis a pris son origine :
    Pour vous y comparer Amour vous la destine,
    Et vous vient consacrer son tige et sa couleur.

    Vous semblez un Narcis de grâce et de rigueur,
    Il avait comme vous l'apparence divine,
    De sa vive beauté l'onde fut la ruine,
    Et je crains qu'un miroir cause votre malheur !...

  • Le ciel joint rarement l'esprit à la beauté.
    Vous avez l'un et l'autre en un degré suprême,
    Et c'est, à mon avis, un horrible blasphème
    De ne pas vous tenir pour une déité.

    Cet esprit, en tous lieux, est justement vanté,
    Car vous faites des vers mieux que Malherbe même ;
    Lorsque nous les lisons le plaisir est extrême
    Et nous sommes surpris de leur...

  • Il est aisé de plaire à qui veut plaire.
    D'un ignorant un bavard écouté,
    D'un journaliste un rimailleur vanté,
    Sans nulle peine y trouvent leur affaire.
    Louer un sot, c'est pure charité.

    Une Araminte à demi centenaire
    Dans son miroir voit un portrait flatté.
    De nos bas bleus si l'éloge est à faire,
    Il est aisé.

    Mais, s'il faut...

  • Quand, par un jour de pluie, un oiseau de passage
    Jette au hasard un cri dans un chemin perdu,
    Au fond des bois fleuris, dans son nid de feuillage,
    Le rossignol pensif a parfois répondu.

    Ainsi fut mon appel de votre âme entendu,
    Et vous me répondez dans notre cher langage.
    Ce charme triste et doux, tant aimé d'un autre âge,
    Ce pur toucher du coeur...

  • Vous connaissez que j'ai pour mie
    Une Andalouse à l'oeil lutin,
    Et sur mon coeur, tout endormie,
    Je la berce jusqu'au matin.

    Voyez-la, quand son bras m'enlace,
    Comme le col d'un cygne blanc,
    S'enivrer, oublieuse et lasse,
    De quelque rêve nonchalant.

    Gais chérubins ! veillez sur elle.
    Planez, oiseaux, sur notre nid ;
    Dorez du reflet...

  • " Je vous ai vue enfant, maintenant que j'y pense,
    Fraîche comme une rose et le coeur dans les yeux.
    - Je vous ai vu bambin, boudeur et paresseux ;
    Vous aimiez lord Byron, les grands vers et la danse. "

    Ainsi nous revenaient les jours de notre enfance,
    Et nous parlions déjà le langage des vieux ;
    Ce jeune souvenir riait entre nous deux,
    Léger comme un...

  • Jeune ange aux doux regards, à la douce parole,
    Un instant près de vous je suis venu m'asseoir,
    Et, l'orage apaisé, comme l'oiseau s'envole,
    Mon bonheur s'en alla, n'ayant duré qu'un soir.

    Et puis, qui voulez-vous après qui me console ?
    L'éclair laisse, en fuyant, l'horizon triste et noir.
    Ne jugez pas ma vie insouciante et folle ;
    Car, si l'étais...

  • Vous les regrettiez presque en me les envoyant,
    Ces vers, beaux comme un rêve et purs comme l'aurore.
    Ce malheureux garçon, disiez-vous en riant,
    Va se croire obligé de me répondre encore.

    Bonjour, ami sonnet, si doux, si bienveillant,
    Poésie, amitié que le vulgaire ignore,
    Gentil bouquet de fleurs, de larmes tout brillant,
    Que dans un noble coeur...