• Je veux seul, écarté, ores dans un bocage,
    Ores par les rochers, soupirer mon dommage,
    Et plaindre sous l'horreur du destin irrité,
    Je veux auprès des eaux tristement murmurantes,
    Et près l'obscurité des grottes effrayantes,
    Soulager mon esprit de soucis tourmenté.

    Vous, bois qui entendez le réson de ma plainte,
    Vous, rochers qui m'oyez quand mon âme...

  • Un jour reconnaissant que je suis incapable,
    Belle, de vous servir, j'en vins au désespoir,
    Et prenant le chemin du désert effroyable,
    Je voulus m'y cacher pour jamais ne rien voir.

    C'est bien avoir des yeux de voir ce qui s'adresse,
    Et de le discerner. Mais voir parfaitement
    Est voir le jour heureux des yeux de sa maîtresse,
    Car c'est voir sans...

  • Quand vous considérez en cette claire glace
    De vos perfections les belles raretés,
    Non, vous n'y voyez point cette parfaite grâce
    Que tout oeil reconnaît aux traits de vos beautés.

    De quoi vous peut servir de savoir être belle ?
    C'est cela que sans plus vous montre le miroir,
    Mais dans le coeur amant qui vous est tout fidèle
    Vous verrez vos beautés...

  • Voulez-vous voir mon coeur, ouvrez-moi la poitrine,
    Vous y verrez les traits de vos rares beautés,
    Vous verrez en mon sang mille diversités
    Émues par l'amour qui par vous y domine.

    Vous y verrez l'ardeur de ma flamme divine,
    Vous verrez tout au près mes poumons agités
    Qui soupirent pour vous, et mille cruautés
    Exciter la rigueur qui ma vie termine...

  • Mon âme languissait, et d'une longue haleine,
    Par mes tristes soupirs, j'allégeais en ma peine
    Mon éternel regret, et logeais en mes os
    Les soucis importuns qui m'ôtaient le repos.
    Tout m'était déplaisant et ma gêne cruelle
    Me pressait sous l'horreur de sa force mortelle,
    Tandis que loin de vous, je n'ai eu en mon coeur
    Que peine, que souci, que travail, que...

  • Faut-il qu'incessamment passionné je traîne
    Les rigoureux liens de l'amour qui me gêne,
    Et que sans espérer de me voir en repos
    Je loge le souci pour toujours en mes os,
    Que lamentant en vain mon malheur je soupire,
    Sans pouvoir m'alléger en mon cruel martyre,
    Faut-il, hélas ! faut-il, qu'avecque tant d'ennuis
    Je passe en mes regrets mes malheureuses nuits,...