J’adore à présent l’héritière
Du vieux fossoyeur aux bras noirs.
Je suis fidèle tous les soirs,
Au rendez-vous du cimetière.

Toc ! toc ! toc ! on entend le bruit
Du vieux qui bêche dans la nuit.

Avec sa tresse qui retombe,
Ses yeux clairs et ses...

Le fossoyeur-bedeau
Se fait toujours attendre…
Les porteurs vont reprendre
Leur funèbre fardeau.

En soufflant ses grands cierges
L’officiant se dit :
« Mon sacristain maudit
Court encor les auberges ! »

Enfin, on s’achemine
Au cimetière, et...

Là-bas,
Dans le jardin des ifs et des trépas,
Depuis toujours, un homme bêche
La terre sèche.

Autour de lui, quelques saules se survivant
Pleurent — et quelques fleurs navrées
D’être éternellement, par la pluie et le vent
Et la...

 
« OH ! rendez-moi ses traits, que je la voie encore,
Que je la trouve ailleurs que dans mon souvenir.
Ne peut-on l’arracher d’ici sans qu’on l’ignore ?
Vous me faites bien peur, mais vous pouvez venir.
Quelle que soit la main qui soulève la pierre
Que depuis...

Le fossoyeur fut le premier
Laboureur du monde où nous sommes.
La mort l’a choisi pour fermier,
Dans les champs il sème des hommes.

Il sème. Il ne voit rien venir
Lorsqu’au printemps poussent les herbes ;
Il faut des siècles d’avenir
Pour que germent...

Poet: Jules Forni