Non, plus pour aujourd’hui, plus de grandes pensées,
De saintes questions à la hâte embrassées,
D’énergiques efforts, d’élans fiers & hardis.
Mon esprit est lassé, mes doigts sont engourdis.
L’automne est la saison des rêves, nous y sommes,
Elle parle ; rêvons, & laissons là les hommes,
Leur bruit & leur destin. Prenons à notre choix
L’un...
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Pourquoi revenez-vous creuser mon souvenir,
O jours trop tôt perdus, ô trop chères pensées,
Images que le temps doit avoir effacées,
Mots que mon cœur jalouse & ne peut contenir,
Pourquoi revenez-vous creuser mon souvenir ?J’avais promis l’oubli qui console & qui tue,
L’oubli muet & calme, aux flots profonds & lourds.
Les heures ont... -
O sereine beauté des cimes couronnées
Par l’azur qui baignait le front des Pyréncés…Depuis que j’erre ainsi, plante déracinée,
Au gré du vent, du flot, de l’heure ou de l’année,
Sans jamais espérer de revenir demain, —
Si propice ou charmant que me fût le chemin, —
J’avais connu déjà ce déchirement d’... -
O la rafraîchissante et consolante idée,
Mourir ! trouver enfin le silence et la nuit,
Fermer mes yeux au jour mes oreilles au bruit,
Vider la coupe noire à ma soif accordée,Dormir, oublier ! puis, toute l’éternité,
Rêver d’amour sans fin, rêver de paix sans lutte,
Ne plus craindre à mes pieds le piége ni la chute,
Et poursuivre à loisir l’idéale... -
N’avoir qu’une pensée et ne pouvoir la dire,
Souffrir d’un mal unique et n’oser le montrer,
Et sentir en son cœur les nœuds se resserrer,
Et voir de devant soi l’espoir qui se retire !— Chaque jour vient plus lourd et plus vide s’en va ;
Comme au soir, sur la plage, après la grande houle
Le flot de ma jeunesse à petit bruit s’écoule ;
Le ciel s’est... -
Oh ! refaire des vers, laisser le rire éclore,
Retrouver frais et purs les rêves d’autrefois,
Reprendre ma jeunesse au printemps, à l’aurore,
Et refleurir soudain avec l’œillet des bois !Puis, lorsque sur muon front redressé la ramure
Jettera son réseau mêlé d’ombre et de jour,
Que chaque nid aura son hymne ou son murmure,
Rouvrir soudain mon cœur au... -
Quand je pense à ma vie un grand ennui me prend,
Et j’ai pitié de voir ma jeune destinée
S’effeuiller solitaire, humblement résignée,
Comme une fleur des eaux qu’emporte le courant.Je ne m’en émeus plus ni trop ne m’en étonne,
Car je sais quels débris roulent les plus purs flots ;
Et, dans un même accord, quels déchirants sanglots
Ils mêlent si... -
Si je voulais chanter ma voix se briserait
Comme celle des fous dans le rire et les larmes,
Mon bras, tout las qu’il est, se crispe sur ses armes,
Ma lèvre resserrée a gardé son secret,
Si je voulais chanter ma voix se briserait.Je sens encor le froid du fer dans ma blessure,
La pourpre de mon sang a teint les buissons verts.
Que dirais-je à l’écho...