• Vous demandez si l'amour rend heureuse ;
    Il le promet, croyez-le, fût-ce un jour.
    Ah ! pour un jour d'existence amoureuse,
    Qui ne mourrait ? la vie est dans l'amour.

    Quand je vivais tendre et craintive amante,
    Avec ses feux je peignais ses douleurs :
    Sur son portrait j'ai versé tant de pleurs,
    Que cette image en paraît moins charmante.

    Si le...

  • Vous souvient-il de cette jeune amie,
    Au regard tendre, au maintien sage et doux ?
    À peine, hélas ! Au printemps de sa vie,
    Son coeur sentit qu'il était fait pour vous.

    Point de serment, point de vaine promesse :
    Si jeune encore, on ne les connaît pas ;
    Son âme pure aimait avec ivresse
    Et se livrait sans honte et sans combats.

    Elle a perdu...

  • Printemps, que me veux-tu ? pourquoi ce doux sourire,
    Ces fleurs dans tes cheveux et ces boutons naissants ?
    Pourquoi dans les bosquets cette voix qui soupire,
    Et du soleil d'avril ces rayons caressants ?

    Printemps si beau, ta vue attriste ma jeunesse ;
    De biens évanouis tu parles à mon coeur ;
    Et d'un bonheur prochain ta riante promesse
    M'apporte...

  • Rondeau

    Pour amour des dames de France
    Je suis entré en l'observance
    Du tres renommé saint François,
    Pour cuidier trouver une fois
    La doulce voye d'alegence.

    Ceint suis de corde de souffrance,
    Soulz haire d'Aigre Desirance,
    Plus qu'en mon Dieu ne me congnois.
    Pour amour des dames de France
    Je suis entré en l'observance....

  • Ô mon Dieu, vous m'avez blessé d'amour
    Et la blessure est encore vibrante,
    Ô mon Dieu, vous m'avez blessé d'amour.

    Ô mon Dieu, votre crainte m'a frappé
    Et la brûlure est encor là qui tonne,
    Ô mon Dieu, votre crainte m'a frappé.

    Ô mon Dieu, j'ai connu que tout est vil
    Et votre gloire en moi s'est installée,
    Ô mon Dieu, j'ai connu que...

  • L'amour de la Patrie est le premier amour
    Et le dernier amour après l'amour de Dieu.
    C'est un feu qui s'allume alors que luit le jour
    Où notre regard luit comme un céleste feu ;

    C'est le jour baptismal aux paupières divines
    De l'enfant, la rumeur de l'aurore aux oreilles
    Frais écloses, c'est l'air emplissant les poitrines
    En fleur, l'air...

  • Le vent de l'autre nuit a jeté bas l'Amour
    Qui, dans le coin le plus mystérieux du parc,
    Souriait en bandant malignement son arc,
    Et dont l'aspect nous fit tant songer tout un jour !

    Le vent de l'autre nuit l'a jeté bas ! Le marbre
    Au souffle du matin tournoie, épars. C'est triste
    De voir le piédestal, où le nom de l'artiste
    Se lit péniblement parmi l'...

  • Je vous salue, ô terre où le ciel m'a fait naître,
    Lieux où le jour pour moi commença de paraître,
    Quand l'astre du berger, brillant d'un feu nouveau,
    De ses premiers rayons éclaira mon berceau !
    Je revois cette plaine où des arbres antiques
    Couronnent les dehors de nos maisons rustiques,
    Arbres, témoins vivants de la faveur des cieux,
    Dont la feuille...

  • (A M. Louis de Ronchaud)

    I

    Regardez-les passer, ces couples éphémères !
    Dans les bras l'un de l'autre enlacés un moment,
    Tous, avant de mêler à jamais leurs poussières,
    Font le même serment :

    Toujours ! Un mot hardi que les cieux qui vieillissent
    Avec étonnement entendent prononcer,
    Et qu'osent répéter des...

  • Ô jeunesse, fervent et clair foyer d'amour,
    Tu fais au ciel l'aveu sonore de ta joie,
    Et ta flamme, luttant d'éclat avec le jour,
    Aux quatre vents, pareille à la Chimère, ondoie !

    Mais tu n'as pas plus tôt brillé de tout ton feu
    Que, prompte à dévorer le sang qui t'alimente,
    Tu languis, déjà sombre, et tu meurs, et qu'au lieu
    Où tu brûlais...