• V

    Coup sur coup. Deuil sur deuil. Ah ! l'épreuve redouble.
    Soit. Cet homme pensif l'acceptera sans trouble.
    Certe, il est bon qu'ainsi soient traités quelques-uns.
    Quand d'âpres combattants, mages, soldats, tribuns,
    Apôtres, ont donné leur vie aux choses justes,
    Ils demeurent debout dans leurs douleurs robustes.
    Tu le...

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    L’Invisible, celui qui règne dans les cieux,
    Assembla ses enfants pour lui chanter sa gloire ;
    Et Satan était là, qui se dressait près d’eux.

    Et le Très-haut lui dit : « D’où viens-tu ? — mon histoire
    Est vieille, répondit l’adversaire : j’ai fait
    Tout le tour de ton oeuvre avec mon aile noire.

    « J’ai délié l’esprit que ta règle étouffait ;
    ...

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    Jadis je logeais haut, tout contre la gouttière :
    Tapi souvent à ma fenêtre en tabatière,
    Rêvant à ma misère, à tant d’affronts subis,
    J’écoutais les marchands de légumes, d’habits :
    Et les tuyaux des toits, chefs-d’œuvre des fumistes,
    Rayaient de noir le fond de mes grands yeux si tristes,
    J’entendais quelquefois un doux bruit de grelots,
    Et...

  • « Fils, avec le Kourèn ce soir tu partiras :
    Les Tatars ont brûlé sur le Don un village.
    Mais avant, fils, je veux, robuste malgré l’âge,
    Par moi-même éprouver la force de ton bras. »

    La houppe de cheveux flotte sur leur cuir ras,
    Ils déposent leurs peaux de buffle au noir pelage,
    Arrêtent près du camp leur pesant attelage,
    Et, dans la steppe immense...

  • Les hommes d’aujourd’hui qui sont nés quand naissait
    Ce siècle, et quand son aile effrayante poussait,
    Ou qui, quatre-vingt-neuf dorant leur blonde enfance,
    Ont vu la rude attaque et la fière défense,
    Et pour musique ont eu les noirs canons béants,
    Et pour jeux de grimper aux genoux des géants ;
    Ces enfants qui jadis, traînant des cimeterres,
    Ont vu...

  • La dure épreuve va finir :
    Mon coeur, souris à l'avenir.

    Ils sont passés les jours d'alarmes
    Où j'étais triste jusqu'aux larmes.

    Ne suppute plus les instants,
    Mon âme, encore un peu de temps.

    J'ai tu les paroles amères
    Et banni les sombres chimères.

    Mes yeux exilés de la voir
    De par un douloureux devoir

    Mon oreille...