• Jéhova de la terre a consacré les cimes ;
    Elles sont de ses pas le divin marchepied,
    C'est là qu'environné de ses foudres sublimes
    Il vole, il descend, il s'assied.

    Sina, l'Olympe même, en conservent la trace ;
    L'Oreb, en tressaillant, s'inclina sous ses pas ;
    Thor entendit sa voix, Gelboé vit sa face;
    Golgotha pleura son trépas.

    Dieu que l'...

  • J'ai vu, tels que des morts réveillés par le glas,
    Les moines, lampe en main, se ranger en silence,
    Puis pousser, comme un vol de corbeaux qui s'élance,
    Leurs noirs miserere qui plaisent au coeur las.

    Le néant dans le cloître a sonné sous mes pas ;
    J'ai connu la cellule, où le calme commence,
    D'où le monde nous semble une mêlée immense
    Dont le vain...

  • C'est une grande allée à deux rangs de tilleuls.
    Les enfants, en plein jour, n'osent y marcher seuls,
    Tant elle est haute, large et sombre.
    Il y fait froid l'été presque autant que l'hiver ;
    On ne sait quel sommeil en appesantit l'air,
    Ni quel deuil en épaissit l'ombre.

    Les tilleuls sont anciens ; leurs feuillages pendants
    Font muraille au dehors et...

  • Tu fus une grande amoureuse
    À ta façon, la seule bonne
    Puisqu'elle est tienne et que personne
    Plus que toi ne fut malheureuse,
    Après la crise de bonheur
    Que tu portas avec honneur.

    Oui, tu fus comme une héroïne,
    Et maintenant tu vis, statue
    Toujours belle sur la ruine
    D'un espoir qui se perpétue
    En dépit du Sort évident,
    Mais tu...

  • A cette heure, elle n'est sensible,
    La grande cascade du roc,
    Qui par son tonnerre d'un bloc,
    La nuit la rend toute invisible.

    Et, pourtant, sa rumeur compacte
    Décèle son bavement fou,
    Sa chute à pic, en casse-cou,
    Son ruement lourd de cataracte.

    Un instant, l'astre frais et pur
    Écarte son nuage obscur,
    Comme un oeil lève sa...

  • Comme une grande fleur trop lourde qui défaille,
    Parfois, toute en mes bras, tu renverses ta taille
    Et plonges dans mes yeux tes beaux yeux verts ardents,
    Avec un long sourire où miroitent tes dents...
    Je t?enlace ; j?ai comme un peu de l?âpre joie
    Du fauve frémissant et fier qui tient sa proie.
    Tu souris... je te tiens pâle et l?âme perdue
    De se sentir au...

  • Et voici quelle était la chambre hospitalière
    Où l'étranger trouvait bon gîte et réconfort,
    Où les fils étaient nés, où l'aïeul était mort,
    Où l'on avait tassé ce grand corps dans sa bière.

    Aux kermesses, aux jours de foire et de décor,
    La ferme y célébrait la fête coutumière,
    Et jadis, quand vivait encore la fermière,
    Elle y trônait, au centre,...