•                         Je ne sais pourquoi
                            Mon esprit amer
    D’une aile inquiète et folle vole sur la mer,
                            Tout ce qui m’est cher,
                            D’une aile d’effroi
    Mon amour le couve au ras des flots. Pourquoi, pourquoi ?

                Mouette à l’essor mélancolique.
                Elle suit la...

  • VII

    Je ne sais si je vais sembler étrange à ceux
    Qui pensent que devant le sort trouble et chanceux,
    Devant Sedan, devant le flamboiement du glaive,
    Il faut brûler un cierge à Sainte-Geneviève,
    Qu'on serait sûr d'avoir le secours le plus vrai
    En redorant à neuf Notre-Dame d'Auray,
    Et qu'on arrête court l'obus, le plomb qui...

  • Je ne suis pas de ceux pour qui les causeries,
    Au coin du feu, l’hiver, ont de grandes douceurs ;
    Car j’ai pour tous voisins d’intrépides chasseurs,
    Rêvant de chiens dressés, de meutes aguerries,

    Et des fermiers causant jachères et prairies,
    Et le juge de paix avec ses vieilles sœurs,
    Deux revêches beautés parlant de ravisseurs,
    Portraits comme on en...

  •  
    Je ne suis plus celui qui respirait la vie
    De vos yeux, mon soleil, je ne suis qu'un vain corps.
    Amour qui m'a frappé de ses traits les plus forts
    Pour triompher de moi, a mon âme ravie.

    Mon esprit erre en bas en la plaine obscurcie,
    Et mon corps au tombeau croît le nombre des morts.
    Ma vie sous l'horreur des meurtrissants efforts
    Qui...

  •  
    Je veux te dire une chose
    Si tu pouvais m’écouter!
    Tu m’écoutes ... mais je n’ose
    Non, je n’ose te parler.
    Je te sais bonne et très douce :
    Mais je te crains malgré moi.
    L’oiseau tremble dans la mousse
    Et je tremble devant toi.

    J’ai bien des choses à dire
    Mais je ne peux pas, j’ai peur...
    Je te vois déjà sourire
    Et ton...

  • Je parle de Dieu — mais pourtant
    est-ce que j’y crois ? — À cinq ans
    on me disait : tiens un croquant...

    Va le manger avec Marie
    aux vêpres. Sois bien sage et prie
    le bon Dieu, la vierge Marie.

    — Puis c’était la procession
    que la bonne et moi nous suivions,
    et de belles fleurs en coton

    dans des vases de loterie.
    Les petites filles...

  • Je pense à Jean-Jacques Rousseau, aux matinées
    de cerises mouillées, avec des jeunes filles.
    Il était fantasque et aimant par les belles soirées,
    au clair de lune, avec Madame d’Erneville (?)

    Il disait, à peu près des phrases comme ici :
    Non ! Je ne vis jamais gorge mieux faite...
    C’est dans ce temps que je lus un nouveau poète...
    Mes bas étant...

  • Je pense à vous. Mes yeux vont du buisson de roses
              aux touffes du chaud seringa.
    Je voudrais vous revoir quand les raisins muscats
              dorment auprès des reines-claude.
     
    Depuis que je suis né, je sens au fond du cœur
              je ne sais quoi d’inexplicable.
    Je vous dis que la rose est tombée sur le sable,
              que la carafe...

  • Ie puis avoir failly par ignorance,
    Celà me fault, maulgré moy, confesser :
    Mais que ie prenne en moy telle arrogance,
    Que dessus vous ie m’osasse auancer :
    Ie vous supply ne me vouloir penser
    Si indiscrette a faire mon debuoir.

    Bien est il vray, que ie tasche a auoir
    Ce, qui m’est deu, quoy qui en ait esmoy :
    Car si Amour, & foy ont ce...

  • Je regardais le ciel et je ne voyais
                        que le ciel gris,
    et un oiseau qui volait haut. Je n’entendais
                        pas un seul cri.

    Et l’on aurait dit qu’il ne savait où aller
                        dans le ciel mou,
    et qu’il se laissait tomber, au lieu de voler,
                        comme un caillou.

    Puis il est parti. —...