• Je pâlis et tombe en langueur :
    Deux beaux yeux m’ont blessé le cœur.

    Rose pourprée et tout humide,
    Ce n’était pas sa lèvre en feu ;
    C’étaient ses yeux d’un si beau bleu
    Sous l’or de sa tresse fluide.

    Je pâlis et tombe en langueur :
    Deux beaux yeux m’ont blessé le cœur.

    Toute mon âme fut ravie !
    Doux étaient son rire et sa voix ;
    ...

  •           Je pâlis et tombe en langueur :
              Deux beaux yeux m’ont blessé le cœur.

              Rose pourprée et tout humide,
              Ce n’était pas sa lèvre en feu ;
              C’étaient ses yeux d’un si beau bleu
              Sous l’or...

  • Or, moi qui jamais ne bouge
    Que pour aller chez Pousset,
    Je fus hier au Moulin-Rouge,
    Je ne sais quoi m’y poussait.

    Ce n’est pas la bagatelle…
    J’ai depuis beau temps, les pieds
    Comme la Guerre… en dentelle,
    Ou si l’on veut en papier.

    Je ne marche plus ou guère
    Je puis le dire sans fard...

  •  
    Tu m’as vu bien souvent, de ton verger voisin
    Où le pampre vineux annonce le raisin,
    Bien souvent, tu m’as vu, par-dessus cette haie
    Que l’épine hérisse et que rougit la baie,
    Tout un jour, de l’aurore au soir, en mon enclos...
    Il est humble, petit, mélancolique et clos ;
    Sa porte à claire-voie ouvre sur la grand’route ;
    Une fontaine au fond s’...

  • L’herbe y est bleue et la haie azurée
    De papillons de verre et de bulles de fruits ;
    Des paons courent, au long des buis,
    Un lion clair barre l’entrée.

    Chaque montée est un espoir
    En escalier, vers une attente ;
    Par les midis chauffés, la marche est haletante,
    Mais le repos attend, au bout du soir.

    Des ruisselets qui font...

  •  
    Ma douce, entrons dans le jardin abandonné,
    Dans le jardin sauvage, exquis et funéraire
    Où l’autrefois se plaît à roder, solitaire
    Et farouche, tel un vieux roi découronné.

    Entrons dans le jardin qu’un vent d’automne accable,
    Où le silence est lent comme une femme en deuil,
    Où les ronces d’hier font un mauvais accueil
    A qui n’apporte point le...

  •  
    J’étais parti, voyant le ciel limpide et clair
    Et les chemins séchés, afin de prendre l’air,
    D’ouïr le vent qui pleure aux branches du mélèze,
    Et de mieux travailler : car on est plus à l’aise,
    Pour méditer le plan d’un drame projeté,
    Refondre un vers pesant et sans grâce jeté,
    Ou d’une rime faible, à sa sœur mal unie,
    Par un son plus exact...

  •  
    C’est le grand réservoir où toute vie abonde,
    Le verdoyant congrès des arbustes du monde,
    Où tout homme qui rêve à son pays absent
    Retrouve ses parfums et son air caressant.
    (BARTHÉLEMY et MÉRY.)

    Quand un voile brumeux enveloppe Lutèce,
    Quand mon front obscurci s’incline de tristesse,
    Comme un arbuste frêle où soupire le vent,...

  •  
    Viens, les heures d’amour sont furtives et rares…
    Le jardin matinal est plein d’oiseaux bizarres.

    Chère, je te convie à ce royal festin.
    Je ne veux pas jouir seule de ce matin.

    L’aube heurte le ciel comme une porte close.
    Viens boire la rosée au cœur blond de la rose.

    Bois la rosée ainsi qu’une fraîche liqueur.
    Mon cœur est une rose et je t’...

  •  

    La croisée est ouverte; il pleut
    Comme minutieusement,
    A petit bruit et peu à peu,
    Sur le jardin frais et dormant,

    Feuille à feuille, la pluie éveille
    L'arbre poudreux qu'elle verdit;
    Au mur, on dirait que la treille
    S'étire d'un geste engourdi.

    L'herbe frémit, le gravier tiède
    Crépite et l'on croirait là-bas...