• Nymphes ! Race du Fleuve éternel qui déroule
    Autour de l’Univers son murmure et sa houle !
    Vierges aux corps subtils fluant sous les roseaux,
    Vous qu’éveille le chant auroral des oiseaux,
    Et qui vous reposez au fond des sources fraîches
    Où Midi rayonnant trempe l’or de ses flèches !
    Et vous, Reines des bois, Âmes des chênes verts,
    Et vous qui, sur les...

  • Au déclin des grandeurs qui dominent la terre,
    Quand les cultes divins, sous les siècles ployés,
    Reprenant de l’oubli le sentier solitaire,
    Regardent s’écrouler leurs autels foudroyés ;

    Quand du chêne d’Hellas la feuille vagabonde
    Des parvis désertés efface le chemin,
    Et qu’au delà des mers, où l’ombre épaisse abonde,
    Vers un jeune soleil flotte l’...

  • Ô mon enfant, un trouble immense est dans la ville.
    De toute part, roulant comme une écume vile,
    Sous leur barbe hideuse et leur robe en lambeaux,
    Les hommes du désert sortent de leurs tombeaux.
    Hachés de coups de fouet, saignants, fangeux, farouches,
    Pleins de haine, ton nom, ma fille...

  •  
    Enténébrant l’azur, le soleil et les roses,
    Tuant tout, poésie, arômes et couleurs,
    L’ennui cache à mes yeux la vision des choses
    Et me rend insensible à mes propres malheurs.

    Sourd aux événements que le destin ramène,
    Je sens de plus en plus se monotoniser
    Les sons de la nature et de la voix humaine
    Et j’ai l’indifférence où tout vient se...

  •  

    Mes volages humeurs, plus sterilles que belles,
    S’en vont ; et je leur dis : Vous sentez, irondelles,
    S’esloigner la chaleur et le froid arriver.
    Allez nicher ailleurs, pour ne tascher, impures,
    Ma couche de babil et ma table d’ordures ;
    Laissez dormir en paix la nuict de mon hyver.

    D’un seul point le soleil n’esloigne l’hémisphère ;
    Il jette...

  •  
    Moi, je suis Iahvé, l’Élohim dont la main
    Tira de Miçraïm le peuple de tes pères,
    Israël ! Et moi-même ai tracé ton chemin
    Vers la plaine conquise et les coteaux prospères.

    J’ai fait pleuvoir la manne et du cœur du rocher
    Inépuisablement jaillir la fraîche source.
    Ma colonne de feu, que tu voyais marcher,
    Dans le désert nocturne a précédé ta...

  • Ibsen n’est plus ! Sa mort évoque
    En moi cette bizarre époque
    — Voilà bien des ans… quelque vingt
    Où la plupart de nos critiques
    Firent à son art dramatique
    Le succès que l’on sait. « Enfin !

    Disaient-ils — Voici du théâtre
    Profond, tour à tour et folâtre,
    Et lumineux comme l’Été. »
    Alors que c’était, au contraire,
    Un vrai magma d’...

  •  
    Ici-bas tous les lilas meurent,
    Tous les chants des oiseaux sont courts ;
    Je rêve aux étés qui demeurent
             Toujours…

    Ici-bas les lèvres effleurent
    Sans rien laisser de leur velours ;
    Je rêve aux baisers qui demeurent...

  •  

    Mon idéal n’est pas : mon ange,
    À qui l’on dit : mon ange, mange ;
    Tu ne bois pas, mon ange aimé ?
    Un pauvre ange faux et sans ailes
    Que les plus sottes ritournelles
    Ont étrangement abimé.

    Mon idéal n’est pas : ma chère,
    De l’amant qui fait maigre chère,
    Et dit chère, du bout des dents,
    Moins chère que ma chère tante,
    Ou que...

  • I

    Idéal ! Idéal ! sur tes traces divines,
    Combien déjà se sont égarés et perdus !
    Les meilleurs d’entre nous sont ceux que tu fascines ;
    Ils se rendent à toi sans s’être défendus.
    Ce n’est point lâcheté, mais fougue involontaire,
    Besoin d’...