Il fait nuit : le vent souffle et passe dans ma lyre ;
Ma lyre tristement s’éveille auprès de moi :
On dirait qu’elle pleure un tourment, un délire ;
On dirait qu’elle essaie à se plaindre de toi ;
De toi, qu’elle appelait pour m’aider à t’attendre,
Qui la rendis si vraie, et par malheur si tendre !
Car tu ne peux ravir à ses accords touchants
Ton nom...
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J’étais à toi peut-être avant de t’avoir vu.
Ma vie, en se formant, fut promise à la tienne ;
Ton nom m’en avertit par un trouble imprévu,
Ton âme s’y cachait pour éveiller la mienne.
Je l’entendis un jour, et je perdis la voix ;
Je l’écoutai longtemps, j’oubliai de répondre.
Mon être avec le tien venait de se confondre,
Je crus qu’on m’appelait pour... -
Il avait dit un jour : « Que ne puis-je auprès d’elle,
( Elle, alors, c’était moi ! ) que ne puis-je chercher
Ce bonheur entrevu qu’elle veut me cacher !
Son cœur paraît si tendre ; oh ! s’il était fidèle ! »
Puis, fixant ses regards sur mon front abattu,
Du charme de ses yeux il m’accablait encore,
Et ses yeux que j’adore
Portaient jusqu’... -
Peut-être un jour sa voix tendre et voilée
M’appellera sous de jeunes cyprès :
Cachée alors au fond de la vallée,
Plus heureuse que lui, j’entendrai ses regrets.
Lentement, des coteaux je le verrai descendre ;
Quand il croira ses pas et ses vœux superflus,
Il pleurera ! ses pleurs rafraîchiront ma cendre :
Enchaînée à ses pieds, je ne le... -
Elle est morte pour moi, dans la tombe glacée
Comme si le trépas l’avait déjà placée ;
Elle vit cependant, ange exilé des cieux,
Vrai rêve de poète, étrange et gracieux ;
C’est bien elle toujours, elle que j’ai connue
Au sortir de l’enfance, à quinze ans, ingénue,
Folâtre, insouciante, ignorant sa beauté,
S’ignorant elle-même, et jetant de côté,... -
J’ai fait une remarque hier en te quittant.
Sans doute j’ai mal vu ; mais quand on aime tant
On a peur ; on se fait avec la moindre chose
Un sujet de tourments. On veut savoir la cause
De chaque effet. Un mot, un geste, une ombre, un rien,
La plus folle chimère, un souvenir ancien
Qui dormait dans un coin du cœur et qui s’éveille,
Tout vous effraie.... -
Je voudrais l’oublier, ou ne pas la connaître…
Oh, si j’avais pensé que dans mon cœur dût naître
Ce feu qui le dévore et qui ne s’éteint pas,
Loin d’elle encore à temps j’aurais porté mes pas…
Mais non, il le fallait ; c’était ma destinée !
Contre elle vainement dans mon âme indignée
Je crie et me révolte ; il le fallait. Le soir,
À l’ombre des... -
La matinée est froide, octobre va finir.
La brodeuse là-haut travaille à sa croisée,
D’où l’on voit scintiller les toits blancs de rosée
Et les bois des coteaux à l’horizon jaunir.Elle n’a pas trente ans encor ; mais la jeunesse
Que ne dorent l’amour ni la maternité
Demeure sans parfum, sans duvet velouté,
Comme un fruit que jamais le soleil ne... -
La prison où Jean-Marc, le fier coupeur de chênes,
Rongeait son frein depuis six mortelles semaines
Vient d’ouvrir ses verrous.
Il bondit à l’air libre, il semble avoir des ailes,Tant il court,… et les clous de ses lourdes semelles
Sonnent sur les cailloux.Six semaines sans voir sa forêt bien-aimée,
Six semaines d’ennuis pour deux brins de ramée... -
Au retour de la guerre et tout poudreux encore,
Le bien-aimé heurtait à la porte sonore :— Pan ! pan ! — L’aube a rougi,
Et ta porte est fermée ;
Viens ouvrir, bien-aimée,
À ton ami.Entends-tu l’hirondelle ?
N’as-tu donc pas, ma belle,
Assez dormi ?Il entra ; mais l’enfant dans un froid lit de planches
Reposait, le front ceint...