Qui ne court après la Fortune ?
Je voudrais être en lieu d'où je pusse aisément
Contempler la foule importune
De ceux qui cherchent vainement
Cette fille du sort de Royaume en Royaume,
Fidèles courtisans d'un volage fantôme.
Quand ils sont près du bon moment,
L'inconstante aussitôt à leurs désirs échappe :
Pauvres gens, je les plains, car on a pour les...
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Fortune fus par clercs jadis nommée,
Que toi, François, crie et nomme murtrière,
Qui n'es homme d'aucune renommée.
Meilleur que toi fais user en plâtrière,
Par pauvreté, et fouir en carrière ;
S'à honte vis, te dois-tu doncques plaindre ?
Tu n'es pas seul ; si ne te dois complaindre.
Regarde et vois de mes faits de jadis,
Maints vaillants homs par moi... -
Lassé d'amours et des faits de Fortune,
Tanné d'espoir et d'aimer trop fort une,
Encloz d'ennui, maintenant je demeure,
Car Desplaisir prend en moy sa demeure,
De par Malheur qui tres fort me fortune.
Dont je me treuve sans que joye nés une
Soit en mon cueur secrete ne commune :
Pour quoy je dis que je suis à ceste heure
Lassé d'amours et des... -
(Lettre IX)
[...] Dans une île branlante, et de sable mouvant,
Qui suit le cours des flots, et roule au gré du vent,
Il se voit un Palais, sans règle et sans mesure,
Mais d'une extravagante et bizarre structure,
Dont l'ouvrage subit, sans le secours de l'art,
S'éleva de morceaux assemblés au hasard.
On n'y consulta point le niveau ni l'... -
Il ne faudrait pourtant, me disais-je à moi-même,
Qu'une permission de notre seigneur Dieu,
Pour qu'il vînt à passer quelque femme en ce lieu.
Les bosquets sont déserts ; la chaleur est extrême ;
Les vents sont à l'amour l'horizon est en feu ;
Toute femme, ce soir, doit désirer qu'on l'aime.
S'il venait à passer, sous ces grands marronniers,
Quelque... -
Bien que Fortune en haut degré te range
Dessus sa roue, et combien que Nature
Pour t'embellir sur toute créature,
Te fasse luire en cette beauté d'Ange,
Si ne dois-tu dépriser la louange
Que tu reçois de moi, car l'écriture,
Plus que beauté mortelle, beaucoup dure :
L'écrit demeure, et fortune se change.
Crois que vieillesse enfin arrivera... -
Fortune enfin piteuse à mon tourment,
Me fit revoir le soleil de mes yeux,
Alors qu'Amour me traitant encor mieux,
Me fit jouir de mon contentement.
Ô jour heureux, éclairci clairement,
De mon soleil ! ô soleil gracieux,
Saint, et luisant plus que celui des cieux !
Digne de lui en tout le firmament !
Le grand plaisir, que j'eus de toi... -
Las où est maintenant ce mespris de Fortune
Où est ce coeur vainqueur de toute adversité,
Cest honneste desir de l'immortalité,
Et ceste honneste flamme au peuple non commune ?
Où sont ces doulx plaisir, qu'au soir soubs la nuict brun
Les Muses me donnoient, alors qu'en liberté
Dessus le verd tapy d'un rivage esquarté
Je les menois danser aux rayons de... -
N'étant de mes ennuis la fortune assouvie,
Afin que je devinsse à moi-même odieux,
M'ôta de mes amis celui que j'aimais mieux,
Et sans qui je n'avais de vivre nulle envie.
Donc l'éternelle nuit a ta clarté ravie,
Et je ne t'ai suivi parmi ces obscurs lieux !
Toi, qui m'as plus aimé que ta vie et tes yeux,
Toi, que j'ai plus aimé que mes yeux et ma vie....