• Poëte, on t’applaudit ! poëte, on te couronne !
    Le laurier du vainqueur sur ta tête rayonne ;
    Le passant jette à flots des fleurs sur ton chemin ;
    Au tournoi de la lyre on t’a cédé l’arène ;
    Ta muse à ses rivaux sourit en souveraine :
    Et je ne suis plus là pour te serrer la main !

     

    Pourtant, naguère encor, suivant la même étoile,
    Nous n’avions...

  •  
    Je sais une rive sereine
    Qui, sur un frais lit de roseaux,
    S’endort au chant de la sirène,
    Et s’éveille au chant des oiseaux.
    Pays de douce nonchalance,
    Où le hamac toujours balance
    A l’ombre des verts bananiers,
    Son heureuse indolence
    Aux souffles printaniers !

    Je sais une ville rieuse,
    Aux enivrements infinis,
    Qui,...

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                                    *

    Vous étiez là, Louise ; et vous savez sans doute
    Ce que mon cœur rêva tout le long de la route.

                                    *

    C’était un soir d’été, calme et silencieux,
    Un de ces soirs charmants qui font rêver aux cieux,
    Un soir par et serein. Les vastes solitudes
    Semblaient prêter l’oreille aux...

  •  
    Quand, sur nos plaines blanches,
    Le givre des hivers
    Commence à fondre aux branches
    Des sapins toujours verts ;
    Quand chez nous se fourvoie
    Avril, le mois des fleurs,
    Le printemps nous envoie
    Ces gais avant-coureurs.

    Du froid, de la neige,
    Des vents et des eaux,
    Que Dieu vous protège,
    Petits oiseaux !

    Loin des...

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    O mes vieux pins touffus, dont le tronc centenaire
    Se dresse, défiant le temps qui détruit tout,
    Et, le front foudroyé d’un éclat de tonnerre,
    Indomptable géant, reste toujours debout !

    J’aime vos longs rameaux étendus sur la plaine,
    Harmonieux séjours, palais aériens,
    Ou les brises du soir semblent à chaque haleine
    Caresser des milliers de...

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    Le Couchant luit là-bas comme un vaste incendie ;
    Le soleil sur les flots sème un rayon mourant ;
    Les derniers bruits du jour chantent leur mélodie ;
    Et, dressant fièrement sa carène hardie.
    Le Québec fend au vol les eaux du Saint-Laurent.

    Le long panache dont su tête est couronnée
    Déroule dans les airs ses ondoyants réseaux ;
    Il...

  •  
    D’un poëte aimé j’ai fermé le tome,
    Et pensif je songe à toi, mon ami ;
    Car le souvenir, gracieux fantôme,
    Hante bien souvent mon cœur endormi.

    Je pense au passé, beaux jours de jeunesse
    Des illusions âge décevant,
    Songe passager, temps de folle ivresse,
    Flot ne poudre d’or qu’emporte le vent.

    Nous avions pour nid la même mansarde ;...

  • Il faisait froid. J’errais dans la lande déserte,
    Songeant, rêveur distrait, aux beaux jours envolés ;
    De givre étincelant la route était couverte,
    Et le vent secouait les arbres désolés.

     

    Tout à coup, au détour du sentier, sous les branches
    D’un buisson dépouillé, j’aperçus, entr’ouvert,
    Un nid, débris informe où quelques plumes blanches
    ...

  •  
    Un jour, errant, perdu dans un désert sans borne,
    Un pâle voyageur cheminait lentement ;
    Autour de lui dormait la solitude morne,
    Et le soleil brûlait au fond du firmament.

    Pas une goutte d’eau pour sa lèvre en détresse !
    Pas un ombrage frais ! pas un souffle de vent !
    Nulle herbe, nul gazon ; et la plaine traîtresse
    N’offre à son pied lassé...

  •  
    Ce sont deux frais séjours, deux vrais nids de fauvettes,
    Faits pour des heureux ;
    Deux villas comme seuls en rêvent les poëtes
    Et les amoureux.

    L’une est couleur de rose, et l’autre toute blanche ;
    Leurs toits sont couverts,
    Le printemps et l’été, comme d’une avalanche
    De grands rameaux verts.

    Sons le dais parfumé que leur font les...