Ce sont deux frais séjours, deux vrais nids de fauvettes,
Faits pour des heureux ;
Deux villas comme seuls en rêvent les poëtes
Et les amoureux.
L’une est couleur de rose, et l’autre toute blanche ;
Leurs toits sont couverts,
Le printemps et l’été, comme d’une avalanche
De grands rameaux verts.
Sons le dais parfumé que leur font les vieux ormes,
Gracieux tableau,
Ou voit, dans le lointain, leurs élégantes formes
Se mirer dans l’eau.
Là l’amour et la joie ont fixé leur empire,
Et dans les échos
L’on entend se mêler de francs éclats de rire
Au chant des oiseaux.
Au dedans, l’on ne voit que merveilleuse choses,
Que riens enchanteurs ;
Et ce n’est, au dehors, que frais buissons de roses,
Et tapis de fleurs.
Et le passant charmé s’arrête et se demande,
En voyant cela.
Si, quelque beau matin, la blonde fée Urgande
A passé par là.
On le croirait vraiment ; mais toute la féerie,
C’est qu’en vérité
Sous ces lambris joyeux le bonheur se marie
Avec la gaîté !