• Blanc satin neuf, oeuf de couvée fraîche,
    Neige qui ne fond,
    Que vos tétins, l'un à l'autre revêche,
    Si tant clairs ne sont.

    Chapelets de fine émeraude, ophites,
    Ambre coscoté,
    Semblables aux yeux dont soulas me fîtes,
    Onques n'ont été.

    Votre crêpe chef le soleil efface,
    Et votre couleur
    Fait se dépiter la cerise, et passe
    La...

  • Qui plus, où est li tiers Calixte,
    Dernier décédé de ce nom,
    Qui quatre ans tint le papaliste,
    Alphonse le roi d'Aragon,
    Le gracieux duc de Bourbon,
    Et Artus le duc de Bretagne,
    Et Charles septième le bon ?
    Mais où est le preux Charlemagne ?

    Semblablement, le roi scotiste
    Qui demi face ot, ce dit-on,
    Vermeille comme une émastiste
    ...

  • Dites-moi où, n'en quel pays,
    Est Flora la belle Romaine,
    Archipiades, ne Thaïs,
    Qui fut sa cousine germaine,
    Echo, parlant quant bruit on mène
    Dessus rivière ou sur étang,
    Qui beauté eut trop plus qu'humaine ?
    Mais où sont les neiges d'antan ?

    Où est la très sage Héloïs,
    Pour qui fut châtré et puis moine
    Pierre Esbaillart à Saint-Denis...

  • Au temps de la mort des marjolaines,
    Alors que bourdonne ton léger
    Rouet, tu me fais, les soirs, songer
    A tes aïeules les châtelaines.

    Tes doigts sont fluets comme les leurs
    Qui dévidaient les fuseaux fragiles.
    Que files-tu, soeur, en ces vigiles,
    Où tu chantes d'heurs et de malheurs ?

    Seraient-ce des linceuls pour tes rêves
    D'amour,...

  • Je suis ce roi des anciens temps
    Dont la cité dort sous la mer
    Aux chocs sourds des cloches de fer
    Qui sonnèrent trop de printemps.

    Je crois savoir des noms de reines
    Défuntes depuis tant d'années,
    Ô mon âme ! et des fleurs fanées
    Semblent tomber des nuits sereines.

    Les vaisseaux lourds de mon trésor
    Ont tous sombré je ne sais où,
    ...

  • Quand viendra l'heureux temps que je sacrifiré
    Mon corps sur votre autel que saint Désir dédie,
    Que j'épandrai mon sang en mémoire infinie
    D'avoir par une erreur si longtemps soupiré ?

    Quand viendra l'heureux jour que je vous offriré
    Un bénit cierge ardent avec cérémonie,
    Étant à deux genoux près de vous accomplie,
    Afin d'avoir pitié de mon coeur...

  • Hélas ! les temps sont loin des phlox incarnadins
    Et des roses d'orgeuil illuminant ses portes,
    Mais, si fané soit-il et si flétri - qu'importe ! -
    Je l'aime encor de tout mon coeur, notre jardin.

    Sa détresse parfois m'est plus chère et plus douce
    Que ne m'était sa joie aux jours brûlants d'été ;
    Oh ! le dernier parfum lentement éventé
    Par sa...

  • Au temps où longuement j'avais souffert,
    Où les heures m'étaient des pièges,
    Tu m'apparus l'accueillante lumière
    Qui luit aux fenêtres, l'hiver,
    Au fond des soirs, sur de la neige.

    Ta clarté d'âme hospitalière
    Frôla, sans le blesser, mon coeur,
    Comme une main de tranquille chaleur.

    Puis vint la bonne confiance,
    Et la franchise, et la...

  • Elle a mis, depuis que je l'aime
    (Bien longtemps, peut-être toujours),
    Bien des robes, jamais la même ;
    Palmire a dû compter les jours.

    Mais, quand vous êtes revenue,
    Votre bras léger sur le mien,
    Il faisait, dans cette avenue,
    Un froid de loup, un temps de chien.

    Vous m'aimiez un peu, mon bel ange,
    Et, tandis que vous bavardiez...

  • Ode

    I

    Le Temps ne surprend pas le sage ;
    Mais du Temps le sage se rit,
    Car lui seul en connaît l'usage ;
    Des plaisirs que Dieu nous offrit,
    Il sait embellir l'existence ;
    Il sait sourire à l'espérance,
    Quand l'espérance lui sourit.

    II

    Le bonheur n'est pas dans la gloire,
    Dans les fers dorés d'une cour,
    ...