J’étais monté plus haut que l’aigle et le nuage :
Sous mes pieds s’étendait un vaste paysage,
Cerclé d’un double azur par le ciel et la mer,
Et les crânes pelés des montagnes géantes
En foule jaillissaient des profondeurs béantes,
Comme de blancs écueils sortant du...

C’est le soir, le couchant allumant ses fournaises
Semble un fondeur penché qui ravive des braises ;
Comme un bouclier d'or à la forge rougi,
Par un brouillard sanglant le soleil élargi
Plonge dans un amas de nuages étranges
Qui font traîner sur l’eau la pourpre de...

Brune à la taille svelte, aux grands yeux noirs, brillants,
À la lèvre rieuse, aux gestes sémillants,
Blonde aux yeux bleus rêveurs, à la peau rose et blanche,
La jeune fille plaît : ou réservée ou franche,
Mélancolique ou gaie, il n’importe ; le don
De charmer est...

La petite Marie est morte,
Et son cercueil est si peu long
Qu’il tient sous le bras qui l’emporte
Comme un étui de violon.

Sur le tapis et sur la table
Traîne l’héritage enfantin.
Les bras ballants, l’air lamentable,
Tout affaissé, gît le pantin.

...

 

De son destrier qui se cabre
Il jette à bas le chevalier,
Qu’il pousse à la danse macabre
En retournant le sablier ;

Avec un crâne joue aux quilles
Aux tonnelles des cabarets ;
Du boîteux casse les béquilles,
Du coureur coupe les jarrets ;...

Celui que chaque soir votre parole élève,
          Qui pense avec vous de moitié ;
Celui dont vous savez le plus intime rêve
          Et qui vit de votre amitié ;
Celui que vous avez laissé voir dans votre âme
          Et s’approcher de votre cœur,
Afin de...

Connaissez-vous la blanche tombe
Où flotte avec un son plaintif
        L’ombre d’un if ?
Sur l’if, une pâle colombe,
Triste et seule, au soleil couchant,
        Chante son chant :

Un air maladivement tendre,
À la fois charmant et fatal,...

        Ma belle amie est morte :
        Je pleurerai toujours ;
        Sous la tombe elle emporte
        Mon âme et mes amours.
        Dans le ciel, sans m’attendre,
        Elle s’en retourna ;
        L’ange qui l’emmena
        Ne voulut pas me...

Dans le Generalife il est un laurier-rose,
Gai comme la victoire, heureux comme l’amour.
Un jet d’eau, son voisin, l’enrichit et l’arrose ;
Une perle reluit dans chaque fleur éclose,
Et le frais émail vert se rit des feux du jour.

Il rougit dans l’azur comme une...

Les poëtes chinois, épris des anciens rites,
Ainsi que Li-Tai-Pé, quand il faisait des vers,
Placent sur leur pupitre un pot de marguerites
Dans leurs disques montrant l’or de leurs cœurs ouverts.

La vue et le parfum de ces fleurs favorites,
Mieux que les pêchers...