Une nuit qu’au milieu des bourrasques farouches,
Et de tous les effrois ouvrant toutes leurs bouches,
Ma vitre en pleurs tremblait au choc du vent profond,
Éveillé, je songeais :
― Hélas ! Qu’est-ce que font
Toutes ces sombres eaux qui hurlent dans l’espace ?
Oh ! Ce pauvre bateau qui dans cette ombre passe !...
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XXXI
Après avoir donné son aumône au plus jeune,
Pensif, il s’arrêta pour les voir. — Un long jeûne
Avait maigri leur joue, avait flétri leur front.
Ils s’étaient tous les quatre à terre assis en rond,
Puis, s’étant partagé, comme... -
Enfant au teint brun, aux dents blanches,
Ton petit bras derrière toi
Tire un tremblant faisceau de branches.
Ô doux être d’ombre et d’effroi,Dans la clairière aux vertes routes,
Tu passes ; nous nous regardons,
Moi, plein de songes et de doutes,
Toi, les pieds nus dans les chardons.À nous deux, seuls dans la rosée,
Nous... -
Après la dernière bataille,
Quand, formidables et béants,
Six cents canons sous la mitraille
Eurent écrasé les géants ;
Dans ces jours où caisson qui roule,
Blessés, chevaux, fuyaient en foule,
Où l’on vit choir l’aigle indompté,
Et, dans le bruit et la fumée,
Sous l’écroulement d’une armée,
Plier Paris épouvanté ;Quand la...
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Le roi de Perse habite, inquiet, redouté,
En hiver Ispahan et Tiflis en été ;
Son jardin, paradis où la rose fourmille,
Est plein d'hommes armés, de peur de sa famille ;
Ce qui fait que parfois il va dehors songer.
Un matin, dans la plaine il rencontre un berger
Vieux, ayant près de lui son fils, un beau jeune homme.
— Comment te nommes-tu ?... -
Vous ne m'allez qu'à la hanche ;
Quoique altier et hasardeux,
Vous êtes petit, roi Sanche ;
Mais le Cid est grand pour deux.Quand chez moi je vous accueille
Dans ma tour et dans mon fort,
Vous tremblez comme la feuille,
Roi Sanche, et vous avez tort.Sire, ma herse est fidèle ;
Sire, mon seuil est pieux ;
Et ma bonne... -
Elle est toute petite ; une duègne la garde.
Elle tient à la main une rose et regarde.
Quoi ? que regarde-t-elle ? Elle ne sait pas. L’eau,
Un bassin qu’assombrit le pin et le bouleau ;
Ce qu’elle a devant elle ; un cygne aux ailes blanches,
Le bercement des flots sous la chanson des branches,Et le profond jardin rayonnant et fleuri ;
Tout ce bel... -
L’aurore apparaissait ; quelle aurore ? Un abîme
D’éblouissement, vaste, insondable, sublime ;
Une ardente lueur de paix et de bonté.
C’était aux premiers temps du globe ; et la clarté
Brillait sereine au front du ciel inaccessible,
Étant tout ce que Dieu peut avoir de visible ;
Tout s’illuminait, l’ombre et le brouillard obscur ;
Des avalanches d’or s... -
XLIV
à Mademoiselle Louise B.SAGESSEI— Ainsi donc rien de...
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Cet homme avait donné naguère un coup de main
Au recul de la France et de l'esprit humain ;
Ce général avait les états de service
D'un chacal, et le crime aimait en lui le vice.
Buffon l'eût admis, certes, au rang des carnassiers.
Il avait fait charger le septième lanciers,
Secouant les guidons aux trois couleurs françaises,
Sur des bonnes d'enfants,...