Sous les molles pâleurs qui voilaient en silence
La falaise, la mer et le sable, dans l’anse
Les embarcations se réveillaient déjà.
Du gouffre oriental le soleil émergea
Et couvrit l’Océan d’une nappe embrasée.
La dune au loin sourit, ondoyante et rosée.
On voyait des éclairs aux vitres des maisons.
Au sommet des coteaux les jeunes frondaisons
...
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Dans la serre vitrée où de rigides plantes,
Filles d’une jeune île et d’un lointain soleil,
Sous un ciel toujours gris, sommeillant sans réveil,
Dressent leurs dards aigus et leurs floraisons lentes,Lui, tremblant, secoué par la fièvre et la toux,
Tordant son triste corps sous des lambeaux de laine,
Entre ses... -
Hélas ! celle qui, jeune en la belle saison,
Causa dans les blés verts une ardente querelle
Et suivit le vainqueur ensanglanté pour elle,
La compagne au bon cœur qui bâtit la maisonEt nourrit les petits aux jours de la moisson,
Vois : les chiens ont forcé sa retraite infidèle.
C’est en vain qu’elle fuit dans l’... -
I
Le navire est immense, un peuple entier l’habite ;
D’après un plan divin sa charpente est construite ;
L’homme en a pris le bois aux plus divers climats,
Cent ans n’ont pas suffi pour en dresser les mâts.
Nul ne connaît son port, son vrai nom, ni son âge ;
Ses hôtes les plus vieux sont nés dans le voyage.
Pourtant un récit... -
Adam était fort amoureux.
Maigre comme un clou, les yeux creux ;
Son Ève était donc bien heureuse
D’être sa belle Ève amoureuse,
Mais… fiez-vous donc à demain !
Un soir, en promenant sa main
Sur le moins beau torse du monde,
Ah !… sa surprise fut profonde !
Il manquait une côte… là.
Tiens ! Tiens ! que veut dire cela ?
Se dit... -
Moi mouchard ?… oui, madame Phaïlle,
Comme on Vous nomme dans l’endroit,
Que Tu ravis avec ta taille,
Où tu prends du bout d’une paille,
Au temps chaud, ton sorbet… très froid.À l’Ictinus ! près de la place
Et du palais de Médicis,
Tu t’asseyais, pâle, un peu lasse ;
Et ta grenadine à la glace
Souriait, rose, à mon cassis... -
Je veux en vider un grand litre.
C’est très chic le cidre, et d’abord
C’est le tien ! je l’aime à ce titre.
Il est clair, derrière sa vitre,
Comme une aube des Ciels du Nord.C’était le cidre de Corneille,
Ne pas confondre avec le Cid :
Le premier sort de la bouteille,
L’autre, le casque sur l’oreille,
Doit venir de Valladolid.... -
C’était en octobre, un dimanche,
Je revenais de déjeuner ;
Vous jouiez au lit, toute blanche,
Vos cartes dans votre main… franche,
Qui commence à les retourner.Vous faisiez une réussite ;
...
Est-ce pour voir si je t’aimais’?
Est-ce la grande, ou la petite ?…
Vous avez dit haut, pas très vite :
« Les cartes ne mentent jamais ». -
Pris en remuements dans les glaces, dans l’accalmie des mers dorment
Les squelettes muets des navires morts.
Le vent à vol rapide qui toucha leurs voiles
Et, en effroi, s’est enfui ! bondit aux cieux —
Bondit ! et n’ose pas de son haleine battre la terre,
Pour n’avoir vu partout que la pâleur, le gel, et la mort !…
Comme des sarcophages, les glaces à... -
Salut, ô Raphaël ! salut, ô frais génie !
Jeune homme plein de grâce et de sérénité,
En tous lieux où l’on aime et l’on sent la beauté
Que ton nom soit loué, que ta main soit bénie !Salut, douce candeur à la pâleur unie,
Ovale aux cheveux bruns sur un beau col monté,
Cygne mélancolique, enfant de volupté,
Toujours prêt à chanter l’amour ou l’harmonie...