C’était l’heure où la terre appartient au soleil,
Où les chemins poudreux luisent d’un ton vermeil,
Où rien n’est confondu dans l’aride campagne,
Où l’on voit les troupeaux couchés sur la montagne,
Et le pâtre bruni, dans les plis d’un manteau,
Dormir nonchalamment près d’un rouge tombeau ;
L’heure aux grands horizons, l’heure où l’ombre est mortelle
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LES VIEILLARDSCe sont eux ! j’ai posé l’oreille contre terre
Les bruits sourds qu’on entend sont des pas de chevaux ;
Que le jeune soldat se rappelle son père,
Et que l’ancien s’apprête à des combats nouveaux !Que nul de vous ne songe aux sanglots de l’épouse,
Aux longs baisers d’adieu sur le front de l’enfant ;
Mais qu’à l’heure d’agir la... -
Ô mère d’Allegri ! Parme, cité chrétienne,
Sois fière du héros que tes flancs ont porté ;
J’ai vu d’un œil d’amour la belle antiquité,
Rome en toute sa pompe et sa grandeur païenne ;J’ai vu Pompéi morte, et comme une Athénienne,
La pourpre encor flottant sur son lit déserté ;
J’ai vu le dieu du jour rayonnant de beauté
Et tout humide encor de la... -
ISix percherons égaux, blancs et nourris d’avoine,
Traînaient un chêne entier dont les cimes pendaient,
Et les larges pavés du faubourg Saint-Antoine
A chaque tour de roue en remuant grondaient.Les feuilles bruissaient et balayaient la rue
Dans un flot de poussière ; on entendait parfois
Grincer le cabestan, gémir l’énorme grue,
Les... -
Divine Juliette au cercueil étendue,
Toi qui n’es qu’endormie et que l’on croit perdue.
Italie, ô beauté ! si malgré ta pâleur,
Tes membres ont encor gardé de la chaleur ;
Si du sang généreux coule encor dans ta veine ;
Si le monstre qui semble avoir bu ton haleine,
La mort, planant sur toi comme un heureux amant,
Pour toujours ne t’a pas clouée au... -
Vous n’avez pas sondé tout l’Océan de l’âme,
O vous qui prétendez en dénombrer les flots !
Qui de vous de tout cœur a pu sentir la flamme
Et de toute poitrine écouter les sanglots ?
Qui de vous a tâté tous les coins de l’abîme
Pour dire : « C’en est fait, l’homme nous est connu ;
Nous savons sa douleur et sa pensée intime,
Et pour nous, les... -
Qu’est-ce donc, ô mon Dieu ! que de la gloire humaine,
S’il faut payer si cher ce fol enivrement,
Et s’il faut expier les douceurs d’un moment
Par des peines sans fin et des siècles de haine ?Oh ! n’est-ce point assez de la poussière vaine
Que l’envie au-dehors élève incessamment ?
Faut-il se faire au cœur un autre rongement,
Un tourment qui vous use... -
Ne sauras-tu Jamais, misérable poète,
Vaincre la lâcheté du rêve et des amours,
Au vent du sort contraire accoutumer ta tête,
Comme tous les vivants lutter dans la tempête,
Ou te croiser les bras sans crier au secours ?A droite, à gauche, vois ! sur la mer où nous sommes
Chacun risque sa voile et jette son appui ;
Nul ne sait d’où tu viens ni... -
Voix antiques des flots, de la terre et des airs,
Ecroulements lointains qui suivent les éclairs,
Frisson du lourd blé jaune aux taches de pivoines,
Chuchotement léger des fuyantes avoines,
Clairon des ouragans, fracas des grandes eaux,
Respiration vague et molle des roseaux,
Élégie enchaînée au fond des sources creuses,
Lamentable soupir des... -
Ils tombent épuisés ; la bataille était rude.
Près d’un fleuve, au hasard, sur le dos, sur le flanc,
Ils gisent, engourdis par tant de lassitude
Qu’ils sont bien, dans la boue et dans leur propre sangLeurs grandes faux sont là, luisantes d’un feu rouge,
En plein midi. Le chef est un vieux paysan :
Il veille. Or il croit voir un pli du sol qui bouge...