Un homme aux yeux profonds passait ; un patriarche
Lui demanda : — Combien as-tu de jours de marche,
Ô voyageur qui viens du côté du levant ?
L'homme dit : — Je ne sais. Le vieux reprit : — Le vent,
Ô voyageur qui viens du côté de l'aurore,
T'a-t-il bien poursuivi ? L'homme dit : — Je l'ignore.
Le vieillard dit : — Tu dois avoir près d'Engaddi
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Voyez-vous de l'or de ces urnes
S'échapper ces esprits des fleurs,
Tout trempés de parfums nocturnes,
Tout vêtus de fraîches couleurs?Ce ne sont pas de vains fantômes
Créés par un art décevant,
Pour donner un corps aux arômes
Que nos gazons livrent au vent.Non chaque atome de matière
Par un esprit est habité ;
Tout sent, et la... -
Ami lecteur, voici ce que l’on m’a conté.
Fort étrange est le fait, plaisante l’aventure ;
Mais quel qu’en soit le fond, par Apollon, je jure
Que mon cerveau malin n’en a rien inventé.
« Mesdames et messieurs, attention, silence !
Notre colloque avec l’autre monde commence. »
Et, dans l’obscurité d’un demi-jour discret,
Tout autour d’une table... -
Que j'aurais les esprits contents
Si nous étions encor au temps
Des choses métamorphosées,
Pourvu qu'on me changeât aussi
En un miroir bien éclairci
Qu'engendrent les neiges glacées !
Miroir, que je suis désireux
D'être comme toi bienheureux :
Cinq cent fois en une même heure
Cette cruelle te vient voir,
Laquelle me fait recevoir... -
I1 est certains esprits dont les sombres pensées
Sont d'un nuage épais toujours embarrassées ;
Le jour de la raison ne le saurait percer.
Avant donc que d'écrire, apprenez à penser.
Selon que notre idée est plus ou moins obscure,
L'expression la suit, ou moins nette, ou plus pure.
Ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement,
Et les mots pour le dire... -
Pâles esprits, et vous ombres poudreuses,
Qui jouissant de la clarté du jour
Fîtes sortir cet orgueilleux séjour,
Dont nous voyons les reliques cendreuses :
Dites, esprits (ainsi les ténébreuses
Rives de Styx non passable au retour,
Vous enlaçant d'un trois fois triple tout,
N'enferment point vos images ombreuses),
Dites-moi donc (car quelqu'... -
Divins esprits, dont la poudreuse cendre
Gît sous le faix de tant de murs couverts,
Non votre los, qui vif par vos beaux vers
Ne se verra sous la terre descendre,
Si des humains la voix se peut étendre
Depuis ici jusqu'au fond des enfers,
Soient à mon cri les abîmes ouverts
Tant que d'abas vous me puissiez entendre.
Trois fois cernant sous le...