• Viens, ma gentille cigarette,
    Dissiper un trop long ennui,
    Avec toi, ce que je regrette
    Je veux l'oublier aujourd'hui.
    Tu le sais, souvent je suis triste.
    Quoique l'on voie en mon réduit
    Tout le mobilier d'un artiste :
    Deux chaises, une table, un lit.
     

    Mais il faut à la jeune fille —
    Enfant du grand air, du soleil —
    De l'...

  •  
    Éternité, néant, passé, sombres abîmes,
    Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?
    ALPH. DE LAMARTINE.

    Déjà la rapide journée
    Fait place aux heures du sommeil,
    Et du dernier fils de Vannée
    S’est enfui le dernier soleil.
    Près du foyer, seule, inactive,
    Livrée aux souvenirs puissans,
    Ma pensée erre, fugitive,...

  • J'entreprends de conter l'année épouvantable,
    Et voilà que j'hésite, accoudé sur ma table.
    Faut-il aller plus loin ? dois-je continuer ?
    France ! ô deuil ! voir un astre aux cieux diminuer !
    Je sens l'ascension lugubre de la honte.
    Morne angoisse ! un fléau descend, un autre monte.
    N'importe. Poursuivons. L'histoire en a besoin.
    Ce siècle est à la...

  •  
    Des moments les heures sont nées,
    Et les heures forment les jours,
    Et les jours forment les années
    Dont le siècle grossit son cours.

    Mais toi seul, ô mon Dieu, par siècles tu mesures
    Ce temps qui sous tes mains coule éternellement !
    L'homme compte par jours ; tes courtes créatures
    Pour naître et pour mourir ont assez d'un...

  • Ce jour de l’an, un camarade
    Que je n’attendais du tout point,
    Vint me régaler d’une aubade,
    Et me dire à brûle-pourpoint :

    « — Qu’est-ce que tu fais cette année ? »
    Sur le même ton qu’il m’eût dit :
    Quel est l’emploi de ta journée ?
    Ah ! la canaille ! le bandit !

    Puis, réfléchissant qu’une année
    Est, hélas ! sans nulle merci,
    ...

  • Sous des cieux faits de filasse et de suie,
    D'où choit morne et longue la pluie,
    Voici pourrir
    Au vent tenace et monotone,
    Les ors d'automne ;
    Voici les ors et les pourpres mourir.

    O vous qui frémissiez, doucement volontaires,
    Là-haut, contre le ciel, tout au long du chemin,
    Tristes feuilles comme des mains,
    Vous gisez, noires, sur la...

  • Le grand flambeau gouverneur de l'année,
    Par la vertu de l'enflammée corne
    Du blanc thaureau, prez, montz, rivaiges orne
    De mainte fleur du sang des princes née.

    Puis de son char la rouë estant tournée
    Vers le cartier prochain du Capricorne,
    Froid est le vent, la saison nue et morne,
    Et toute fleur devient seiche et fanée.

    Ainsi, alors...