Ô jeunesse, fervent et clair foyer d'amour,
Tu fais au ciel l'aveu sonore de ta joie,
Et ta flamme, luttant d'éclat avec le jour,
Aux quatre vents, pareille à la Chimère, ondoie !
Mais tu n'as pas plus tôt brillé de tout ton feu
Que, prompte à dévorer le sang qui t'alimente,
Tu languis, déjà sombre, et tu meurs, et qu'au lieu
Où tu brûlais...
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Ô mes lettres d'amour, de vertu, de jeunesse,
C'est donc vous ! Je m'enivre encore à votre ivresse ;
Je vous lis à genoux.
Souffrez que pour un jour je reprenne votre âge !
Laissez-moi me cacher, moi, l'heureux et le sage,
Pour pleurer avec vous !
J'avais donc dix-huit ans ! j'étais donc plein de songes !
L'espérance en chantant me berçait de mensonges... -
M'amour, tu as trahi ma jeunesse peu caute.
Je brûle t'oeilladant, certes je n'en puis plus !
Vois ma couleur changeante et vois mes sens émus,
Je suis près du péril de l'agréable faute.
Je ne quiers si tu es papiste ou huguenote,
Amour n'a point de loi. Malheureux sont tenus
Ceux qui ne sont sujets de la belle Vénus,
Qui fuit l'ombre d'honneur...