• De moi vous pouvez rire,
    Mes chers petits enfants,
    J’ai plus de soixante ans,
    ...

  •  

    COMME dans un miroir se double notre image,
    Par une nuit d’hiver je me suis apparu ;
    J’avais les mêmes yeux dans le même visage,
    Mon âge d’un seul jour ne s’était pas accru.

    Mon fantôme s’assit près de moi. Nous parlâmes.
    Tout ce qu’il me disait me paraissait ancien ;
    Et lui me regardait, ses yeux gris pleins de blâmes :
    Mon langage nouveau...

  • Car tu vis en toutes les femmes
    Et toutes les femmes c’est toi.
    Et tout l’amour qui soit, c’est moi
    Brûlant pour toi de mille flammes.

    Ton sourire tendre ou moqueur,
    Tes yeux, mon Styx ou mon Lignon,
    Ton sein opulent ou mignon
    Sont les seuls vainqueurs de mon cœur.

    Et je mords à ta chevelure
    Longue ou frisée, en haut, en bas,
    Noire...

  •  
    Lorsque je vivais loin de vous,
    Toujours triste, toujours en larmes,
    Pour mon cœur malade et jaloux
    Le sommeil seul avait des charmes.
    Maintenant que tu m’appartiens
    Et que mon cœur a sa pâture,
    – Il ne m’est plus qu’une torture,
    Le sommeil cher aux jours anciens.

    Lorsque je dormais loin de vous,
    Dans un rêve toujours le même,...

  • Sur l'air du Menuet d'Exaudet

    Josaphat
    Est un fat
    Très aride,
    Qui croit être fort savant
    Parce qu'il va souvent
    Sous la Zone Torride,
    Critiquant
    Et piquant
    Agrippine,
    Pour avoir fait lire à Prau
    Les ouvrages de Pro-
    Serpine.
    Si le Public lui pardonne
    Tous les travers qu'il se donne,
    Il...

  • O rêveuse, pour que je plonge
    Au pur délice sans chemin,
    Sache, par un subtil mensonge,
    Garder mon aile dans ta main.

    Une fraîcheur de crépuscule
    Te vient à chaque battement
    Dont le coup prisonnier recule
    L’horizon délicatement.

    Vertige ! voici que frissonne
    L’espace comme un grand baiser
    Qui, fou de naître pour personne,
    Ne...

  • Ô rêveuse, pour que je plonge
    Au pur délice sans chemin,
    Sache, par un subtil mensonge,
    Garder mon aile dans ta main.

    Une fraîcheur de crépuscule
    Te vient à chaque battement
    Dont le coup prisonnier recule
    L’horizon délicatement.

    Vertige ! voici que frissonne
    L’espace comme un grand baiser
    Qui, fou de naître pour personne,
    Ne...

  • XXIII

    Comment, disaient-ils,
    Avec nos nacelles,
    Fuir les alguazils ?
    — Ramez, disaient-elles.

    Comment, disaient-ils,
    Oublier querelles,
    Misère et périls ?
    — Dormez, disaient-elles.

    Comment, disaient-ils,...

  •  
    Crois-moi. N’emprunte rien des hommes. Que tes yeux
    Ne le conduisent point sur leur pas anxieux.
    N’asservis pas ta faim à la faim d’autres bouches.
    Au contraire, sois libre et, s’il le faut, farouche ;
    Et plutôt mords ton poing et frappe du talon,
    Pour les mieux éloigner, ceux qui te parleront,
    Puis, quand tu seras seul, regarde, écoute et veille....

  • Sur les visages des floraisons d’or,
    Voici qu’un auroral soleil se penche
    Et les frôlant, de branche en branche,
    Dans une clarté pourpre éclate en baisers d’or.

    Pulpeux et lourds, comme des bouches rouges
    Et lumineux de leurs sèves hautaines,
    Sous des rameaux feuillus, qui cachent des fontaines,
    L’aube caille le sang des raisins...