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    Et le vieillard finit en disant : « Gloire à Dieu !
    Dieu, seul commencement, seule fin, seul milieu,
    Seule explication du ciel et de la terre,
    Seule clef de l’esprit pour ouvrir tout mystère ! »
    Il étendit la main pour l’invoquer sur nous !
    Nous pliâmes, contrits, nos fronts et nos genoux ;
    Comme un homme qui craint de renverser un vase,
    Nous...

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    Cependant, descendu sur l’horrible tempête.
    L’esquif des hautes tours rasait le sombre faîte.
    On eût dit à leur foule, à leurs sommets pressés,
    En aiguilles, en arcs, en minarets dressés,
    Une forêt de pierre où les granits, les marbres,
    Auraient germé d’eux-même et végétaient en arbres :
    Pyramides, palais bâtis pour des géants,
    Ponts immenses...

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    A chaque acte infernal de ce lugubre drame,
    Le visage des dieux montrait leur joie infâme.
    On lisait sur leurs fronts, moites de cruauté,
    Que- la douleur humaine était leur volupté,
    Et plus ce jeu féroce outrageait la nature,
    Plus l’applaudissement égalait la torture.
    Des battements de mains la salle s’ébranlait.
    Du féroce Nemphed le front seul...

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    La nuit, pleine de crime et de flambeaux rougie,
    Roulait avec horreur ses astres sur l’orgie.
    Les constellations, du haut du firmament,
    Regardaient cette scène avec étonnement,
    Admirant comment Dieu, dans son profond mystère.
    Laissait monter si haut les forfaits de la terre
    Et les anges chantaient d’un accent solennel :
    « Patient ! patient !...

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    « Vieux Liban ! » s’écria le céleste vieillard
    En s’essuyant les yeux que voilait un brouillard,
    Pendant que le vaisseau courant â pleines voiles
    Faisait glisser nos mâts d’étoiles en étoiles,
    Et qu’à l’ombre des caps du Liban sur la mer
    L’harmonieuse proue enflait le flot amer.

    « Sommets resplendissants au-dessus des tempêtes,
    Qu’on vous...

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    Ainsi ces deux époux, seuls, possesseurs d’un monde,
    Suivaient jour après jour leur route vagabonde,
    Avaient devant leurs pas l’univers tout entier,
    Et, sans but que l’amour, s’y traçaient leur sentier.
    Ils semblaient seulement dans leur marche pressée
    De leurs premiers tyrans vouloir fuir la pensée,
    Et, cherchant par instinct les plus tièdes climats...

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    Mais sous ses yeux fermés son cœur ne dormait pas :
    Elle eût rêvé Cédar sous la main du trépas.
    L’amour qui l’embrasait pour le céleste esclave
    Dans ses veines d’enfant roulait des flots de lave.
    Sa tempe dans son front ne pouvait s’assoupir,
    Sa respiration n’était qu’un long soupir.
    Elle voyait toujours son chaud regard sur elle
    Luire en rêve...

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    Poésie, théologie, abîmes !

    Encore un lys qui s’étiole,
    Et tombe avant la fin du jour !
    Encore un cygne qui s’envole,
    Et meurt sous un bec de vautour !
    Encore un vase qui se brise,
    Tout rempli de myrrhe et d’encens !
    Encore un ruisseau qui s’épuise,
    Tari sous les pieds des passants !
     
    Fils d’un siècle...

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    LES VIEILLARDS

    Ce sont eux ! j’ai posé l’oreille contre terre
    Les bruits sourds qu’on entend sont des pas de chevaux ;
    Que le jeune soldat se rappelle son père,
    Et que l’ancien s’apprête à des combats nouveaux !

    Que nul de vous ne songe aux sanglots de l’épouse,
    Aux longs baisers d’adieu sur le front de l’enfant ;
    Mais qu’à l’heure d’agir la...

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    Un soir, dans la Sierra, passait Campéador.
    Sur sa cuirasse d’or le soleil mirait l’or
    Des derniers flamboiements d’une soirée ardente
    Et semblait du héros la splendeur flamboyante !
    Il n’était qu’or partout, du cimier aux talons.
    L’or des cuissards froissait l’or des caparaçons.
    Des rubis grenadins faisaient feu sur son casque,
    Mais ses yeux...