• C'est Paris, saluons la grande capitale
    Où tout ce qu'on rêva se trouve réuni ;
    Où merveille partout sur merveille s'étale,
    Antique Eden par l'art sans cesse rajeuni.

    Eloignons-nous un peu de la ville centrale ;
    Et sur ce seuil discret, élégant et béni,
    Laissons nos murs émus battre la générale
    Nous sommes au dix sept, boulevard Fortuny.
    ...

  • L'atmosphère dort, claire et lumineuse ;
    Un soleil ardent rougit les houblons ;
    Aux champs, des monceaux de beaux épis blonds
    Tombent sous l'acier de la moissonneuse.

    Sonore et moqueur, l'écho des vallons
    Répète à plaisir la voix ricaneuse
    Du glaneur qui cherche avec sa glaneuse,
    Pour s'en revenir, des sentiers plus longs.

    Tout à coup...

  • A vingt ans, poète aux abois,
    Quand revenait la saison rose,
    J'allais promener sous les bois
    Mon coeur morose.

    A la brise jetant, hélas !
    Le doux nom de quelque infidèle,
    Je respirais les frais lilas
    En rêvant d'elle.

    Toujours friand d'illusions,
    Mon coeur, que tout amour transporte,
    Plus tard à d'autres visions
    Ouvrit sa porte...

  • A l'occasion de leur mariage

    Voici la saison des pervenches
    Par les ravins et les closeaux,
    L'ombre palpite sous les branches,
    Les rayons dorment sur les eaux.

    Les pommiers sont en robes blanches ;
    Pan soupire dans les roseaux ;
    C'est l'Eté qui prend ses revanches
    Mariez-vous, petits oiseaux !

    La vie est belle à son aurore...

  • C'est un bloc écrasant dont la crête surplombe
    Au-dessus des flots noirs, et dont le front puissant
    Domine le brouillard, et défie en passant
    L'aile de la tempête ou le choc de la trombe.

    Enorme pan de roc, colosse menaçant
    Dont le flanc narguerait le boulet et la bombe,
    Qui monte d'un seul jet dans la nue, et retombe
    Dans le gouffre insondable où sa...

  • Massifs harmonieux, édens des flots tranquilles,
    D'oasis aux fleurs d'or innombrables réseaux,
    Que la vague caresse et que les blonds roseaux
    Encadrent du fouillis de leurs tiges mobiles.

    Bosquets que l'onde berce au doux chant des oiseaux,
    Des zéphirs et des nids pittoresques asiles,
    Mystérieux et frais labyrinthe, Mille-Iles,
    Chapelet d'émeraude...

  • Au détour du courant où le flot qui la ronge
    Embrasse les contours de l'Ile d'Orléans,
    Comme une tombe énorme, entre deux géants,
    La blanche cataracte au fond du gouffre plonge.

    Indicibles attraits des abîmes béants !
    Imposantes rumeurs que la brise prolonge
    Lourds flocons écumeux qui passez comme un songe,
    Et que le fleuve emporte aux mornes océans...

  • Quand tous les jours mon coeur vieilli se désenchante,
    Pourrais-je ne pas faire un sympathique accueil
    A ce frère inconnu dont la pitié touchante
    Vient verser de si loin du baume sur mon deuil !

    Merci ! quand se gravait, dans une heure méchante,
    Le mot désespérance en travers de mon seuil,
    Au fond de ma tristesse amère et desséchante,
    Merci pour...

  • L'onde majestueuse avec lenteur s'écoule ;
    Puis, sortant tout â coup de ce calme trompeur,
    Furieux, et frappant les échos de stupeur,
    Dans l'abîme sans fond le fleuve immense croule.

    C'est la Chute ! son bruit de tonnerre fait peur
    Même aux oiseaux errants, qui s'éloignent en foule
    Du gouffre formidable où l'arc-en-ciel déroule
    Son écharpe de feu...

  • Depuis les feux de l'aube aux feux du crépuscule,
    Le soleil verse à flots ses torrides rayons ;
    On voit pencher la fleur et jaunir les sillons
    Voici les jours poudreux de l'âpre canicule.

    Le chant des nids a fait place au chant des grillons ;
    Un fluide énervant autour de nous circule ;
    La nature, qui vit dans chaque animalcule,
    Fait frissonner d'...