• On me vient d’avertir que tu t’en vas d’ici,
    Iris, divin objet dont mon âme est ravie ;
    Qu’une aïeule est malade et qu’un pieux souci
    A te rendre auprès d’elle aujourd’hui te convie.

    Peux-tu bien consentir à me laisser ainsi ?
    S’il faut que ce départ soit selon ton envie,
    Comme il est résolu, mon trépas l’est aussi
    Et le mal de l’absence achèvera ma...

  • Beau monstre de Nature, il est vrai, ton visage
    Est noir au dernier point, mais beau parfaitement :
    Et l’Ebène poli qui te sert d’ornement
    Sur le plus blanc ivoire emporte l’avantage.

    Ô merveille divine, inconnue à notre âge !
    Qu’un objet ténébreux luise si clairement ;
    Et qu’un charbon éteint, brûle plus vivement
    Que ceux qui de la flamme...

  • Telle qu’était Diane, alors qu’imprudemment
    L’infortuné chasseur la voyait toute nue,
    Telle dedans un bain Clorinde s’est tenue,
    N’ayant le corps vêtu que d’un moite élément.

    Quelque dieu dans ces eaux caché secrètement
    A vu tous les appas dont la belle est pourvue,
    Mais s’il n’en avait eu seulement que la vue,
    Je serais moins jaloux de son...

  • Venir à la clarté sans force et sans adresse,
    Et n’ayant fait long temps que dormir et manger,
    Souffrir mille rigueurs d’un secours estranger
    Pour quitter l’ignorance en quittant la foiblesse :

    Apres, servir long temps une ingratte Maistresse,
    Qu’on ne peut acquerir, qu’on ne peut obliger ;
    Ou qui d’un naturel inconstant et leger,
    Donne fort peu de...

  • Je surpris l’autre jour la Nymphe que j’adore
    Ayant sur une jupe un peignoir seulement,
    Et la voyant ainsi, l’on eût dit proprement
    Qu’il sortait de son lit une nouvelle Aurore.

    Ses yeux que le sommeil abandonnait encore,
    Ses cheveux autour d’elle errant confusément
    Ne lièrent mon cœur que plus étroitement,
    Ne firent qu’augmenter le feu qui me dévore...

  • Auprès de cette grotte sombre
    Où l’on respire un air si doux,
    L’onde lutte avec les cailloux,
    Et la lumière avecque l’ombre.

    Ces flots lassés de l’exercice
    Qu’ils ont fait dessus ce gravier,
    Se reposent dans ce vivier
    Où mourut autrefois Narcisse.

    C’est un des miroirs où le Faune
    Vient voir si son teint cramoisi,
    Depuis que l’amour...