Appréhension d’un départ

On me vient d’avertir que tu t’en vas d’ici,
Iris, divin objet dont mon âme est ravie ;
Qu’une aïeule est malade et qu’un pieux souci
A te rendre auprès d’elle aujourd’hui te convie.

Peux-tu bien consentir à me laisser ainsi ?
S’il faut que ce départ soit selon ton envie,
Comme il est résolu, mon trépas l’est aussi
Et le mal de l’absence achèvera ma vie.

Quoi, tu ne dis rien dans ces extrémités ?
Ah ! par cette froideur mes jours sont limités,
Adieu donc, ô beauté d’insensible courage.
Puisque ma passion ne t’en peut divertir,
Nous ferons, à même heure, un différent voyage,
Mon âme est comme toi toute prête à partir

Collection: 
1621

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