Mes chers petits enfants, pendant que vous dormez,
Je vous offre à tous deux ces feuillets imprimés,
Où mon âme se cache à l’ombre de la rime :
À toi, mon premier né, grave et gentil Maxime,
Déjà vieux de six ans, et savant comme à sept,
Qui lis la Barbe-Bleue, et le Petit-Poucet,
Mais qui ne comprends pas toujours bien ta lecture ;
À toi, qui n’es pas...
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Lorsque durant l’hiver, dans les soirs de tempêtes,
Sur l’oreiller moelleux posant vos blondes têtes,
Vous fermez vos grands yeux aux terrestres clartés,
Ne songez-vous jamais, enfants joyeux et roses,
Auxquels le ciel clément prodigue toutes choses,
A ceux qu’il a laissés seuls et déshérités ?Et tandis qu’au-dessus de votre couche blanche,
... -
Mères, ne battez pas vos enfants ; laissez-les
Courir dans la demeure indulgente, et poursuivre
Cet idéal de bruit qui les grise, et qui livre
Aux caprices du vent leurs cheveux débouclés.Aux portes de leurs cœurs ne brisez pas les clés !…
S’étourdir, trébucher, salir, pour eux c’est vivre ;
Car parmi ces rieurs plus d’un est encore ivre
Du... -
Enfants d’un jour, ô nouveau-nés,
Petites bouches, petits nez,
Petites lèvres demi-closes,
Membres tremblants,
Si frais, si blancs,
Si roses !Enfants d’un jour, ô nouveaux-nés,
Pour le bonheur que vous donnez,
À vous voir dormir dans vos langes,
Espoir des nids
Soyez bénis,
Chers anges !Pour vos grands yeux...
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RÉCITATIFLe temple de Sion était dans le silence ;
Les saints hymnes dormaient sur les harpes de Dieu ;
Les foyers odorants que l'encensoir balance
S'éteignaient; et l'encens, comme un nuage immense,
S'élevait en rampant sur les murs du saint lieu.Les docteurs de la loi, les chefs de la prière,
Étaient assis dans leur...LA simplicité claire, enfants, est dans vos yeux.
La vérité s’exprime en vos douces prunelles,
Et l’on y voit passer le souvenir des ailes
Que vous aviez hier en descendant des cieux.Votre innocence est comme un manteau radieux
Dont frémissent l’émoi les âmes maternelles,
Et sa pureté sainte et sa vertu sont telles
Qu’il en flotte un parfum...Si vous rencontrez trop souvent
— Parmi ces vers noirs et moroses
Que j’écris le soir en rêvant —
Le cortège des enfants roses ;Si vous trouvez trop de blondins,
C’est ainsi que je les appelle,
Trahissant par des cris badins
Leur adorable ribambelle,C’est qu’au fond je les aime tant :
Ils sont tous blonds, étant l’aurore ;...Refrain :
Vous
Tous
Aimables fous,
Notre goguette
Vous guette ;
Aux doux
Sons des glouglous,
Venez chanter avec nous.A la porte, tout exprès,
La folie
Vous publie :
Qu'ici, sans bruit, sans apprêts,
Momus dicte ses arrêts !Nous avons joyeuseté
Et franchise
Pour devise.
Chez nous,...
IDans les promenades publiques,
Les beaux dimanches, on peut voir
Passer, troupes mélancoliques,
Des petites filles en noir.De loin, on croit des hirondelles :
Robes sombres et grands cols blancs ;
Et le vent met des frissons d’ailes
Dans les légers camails tremblants.Mais quand, plus près des écolières,
On les voit se...Ils vont pieds nus le plus souvent. L’hiver
Met à leurs doigts des mitaines d’onglée.
Le soir, hélas ! ils soupent du grand air,
Et sur leur front la bise échevelée
Gronde, pareille au bruit d’une mêlée,
A peine un peu leur sort est adouci
Quand avril fait la terre consolée :
Ayez pitié des Enfants sans souci.Ils n’ont sur eux que le manteau du...