• La ferme était luisante et noire et des tamis
                   pendaient aux murs.
    Le Dimanche était triste et beau, et les maïs
                   n’étaient pas mûrs.

    De bonne heure il avait quitté ses père et mère,
                   pour les missions ;
    et il nous racontait qu’il buvait l’eau amère,
                   en corruption.

    Il était en congé, et...

  • Les genêts luisent dans la lande désolée ;
    Sur l’ocre des coteaux la bruyère est de sang :
    Mais tu ne peux guérir mon cœur triste où descend
    Le souvenir de ma pauvre enfance en allée.

    Viens : elle est d’émeraude et d’argent la vallée ;
    Douce comme ta voix, l’eau chuchote en passant,
    Et clair comme ton rire est l’angélus croissant ;
    Fraîche comme ta...

  •                                         I

    La gomme coule en larmes d’or des cerisiers.
    Cette journée, ô ma chérie, est tropicale :
    Endors-toi donc dans le parterre où la cigale
    Crie aigrement aux cœurs touffus des vieux rosiers.

    Dans le salon où l’on causait, hier vous posiez...
    Mais aujourd’hui nous sommes seuls — Rose Bengale !
    Endormez-vous tout...

  • Les grues sont passées dans le ciel gris et leurs longues
    lignes filaient en grinçant, cris de neige et d’ombre ;
    c’est la saison où l’on va pour orner les tombes.

    Les misérables, les aveugles mendieront
    avec leurs mains rouges et luisantes. Ils iront
    mourir dans les soirs noirs en riant de frissons.

    Les bêtes souffriront. J’ai vu un vieux mendiant
    ...

  • Il est près de Salles, à droite, une source claire.
    Des fougères noires, de la mousse et du lierre
    se mirent doucement à sa limpidité.
    La grand-route la longe et la chaleur d’été
    fait sur la terre une blanche vibration.
    Celui qui suit la route (on disait un piéton)
    sent la terre brûler aux cordes de ses sandales.
    Autour de lui bourdonne la chaleur...

  •              Va, tu sais à présent que Gallus est un sage.
                               José-Maria de Heredia.

    Il s’occupe des travaux de la terre et taille
    les haies, ramasse le blé et les figues qui bâillent.
    Il a un pavillon dans sa vigne, et il goûte
    le vin en bois aigre qu’il examine au jour.
    Un lièvre lui mange les choux...

  • Il va neiger dans quelques jours. Je me souviens
    de l’an dernier. Je me souviens de mes tristesses
    au coin du feu. Si l’on m’avait demandé : qu’est-ce ?
    J’aurais dit : laissez-moi tranquille. Ce n’est rien.

    J’ai bien réfléchi, l’année avant, dans ma chambre,
    pendant que la neige lourde tombait dehors.
    J’ai réfléchi pour rien. À présent comme alors
    je...

  • Il vint à l’étude avec une petite veste.
    Il était notaire dans une campagne lointaine...

    Il était triste et gai et il s’était fait beau
    pour la réunion et le dîner de tantôt.

    Il souriait, avec des commissions sous le bras,
    comme quelqu’un qui fera des actes, puis mourra.

    Il mourra dans la poésie triste des chambres froides
    et des planisphères aux...

  • Il y a par là un vieux château triste et gris
    comme mon cœur, où quand il tombe de la pluie
    dans la cour abandonnée des pavots plient
    sous l’eau lourde qui les effeuille et les pourrit.

    Autrefois, sans doute, la grille était ouverte,
    et dans la maison les vieux courbés se chauffaient
    auprès d’un paravent à la bordure verte
    où il y avait les quatre...

  • Il y a un petit cordonnier naïf et bossu
    qui travaille devant de douces vitres vertes.
    Le dimanche il se lève et se lave et met sur
    lui du linge propre et laisse la fenêtre ouverte.

    Il est si peu instruit que, bien que marié,
    il ne parle jamais, paraît-il, sur semaine.
    Je me demande si le Dimanche, quand ils promènent,
    il parle à sa femme vieille et...