•  
    Magellan, fils du Tage, et Drake et Bougainville
    Et l'Anglais dont Neptune aux plus lointains climats
    Reconnaissait la voile et respectait les pas.
    Le Cancer sous les feux de son brûlant tropique
    L'attire entre l'Asie et la vaste Amérique,
    En des ports où jadis il entra le premier.
    Là l'insulaire ardent, jadis hospitalier,
    L'environne : il...

  •  
    Arcas
     
    Tu poursuis Damalis. Mais cette blonde tête
    Pour le joug de Vénus n'est point encore prête.
    C'est une enfant encore; elle fuit tes liens,
    Et ses yeux innocents n'entendent pas les tiens.
    Ta génisse naissante au sein du pâturage
    Ne cherche aux bords des eaux que le saule et l'ombrage ;
    Sans répondre à la voix des époux mugissants,...

  •  
    I

    Offrons tout ce qu'on doit d'encens, d'honneurs suprêmes
    Aux dieux, à la beauté plus divine qu'eux-mêmes.
    Puisse aux vallons d'Hémus, ou les rocs et les bois
    Admirèrent d'Orphée et suivirent la voix,
    L'Hèbre ne m'avoir pas en vain donné naissance !
    Les Muses avec moi vont connaître Byzance.
    Et si le ciel se prête à mes efforts heureux,...

  •  
    I

    Qui ? moi ? moi de Phoebus te dicter les leçons ?
    Moi, dans l'ombre ignoré, moi, que ses nourrissons
    Pour émule aujourd'hui désavoueraient peut-être.
    Dans ce bel art des vers je n'ai point eu de maître ;
    Il n'en est point, ami. Les poëtes vantés,
    Sans cesse avec transport lus, relus, médités ;
    Les dieux, l'homme, le ciel, la nature sacrée...

  •  
    Amis, couple chéri, cœurs formés pour le mien,
    Je suis libre. Camille à mes yeux n'est plus rien.
    L'éclat de ses yeux noirs n'éblouit plus ma vue ;
    Mais cette liberté sera bientôt perdue.
    Je me connais. Toujours je suis libre et je sers ;
    Être libre pour moi n'est que changer de fers.
    Autant que l'univers a de beautés brillantes,
    Autant il a d'...

  •  
    « Dieu dont l’arc est d’argent, dieu de Claros, écoute ;
    O Sminthée-Apollon, je périrai sans doute,
    Si tu ne sers de guide à cet aveugle errant. »
    C’est ainsi qu’achevait l’aveugle en soupirant,
    Et près des bois marchait, faible, et sur une pierre
    S’asseyait. Trois pasteurs, enfants de cette terre,
    Le suivaient, accourus aux abois turbulents
    ...

  •  
    Blanche et douce colombe, aimable prisonnière,
    Quel injuste ennemi te cache à la lumière?
    Je t'ai vue aujourd'hui (que le ciel était beau !)
    Te promener long-temps sur le bord du ruisseau ;
    Au hasard, en tous lieux, languissante, muette,
    Tournant tes doux regards et tes pas et ta tête.
    Caché dans le feuillage, et n'osant l'agiter,
    D'un rameau...

  •  
    Comme un dernier rayon, comme un dernier zéphire
           Anime la fin d’un beau jour,
    Au pied de l’échafaud j’essaye encor ma lyre.
           Peut-être est-ce bientôt mon tour ;
    Peut-être avant que l’heure en cercle promenée
           Ait posé sur l’émail brillant,
    Dans les soixante pas où sa route est bornée,
           Son pied sonore et vigilant,...

  •  
    Des belles voluptés la voix enchanteresse
    N'aurait point entraîné mon oisive jeunesse.
    Je n'aurais point en vers de délices trempés,
    Et de l'art des plaisirs mollement occupés,
    Plein des douces fureurs d'un délire profane,
    Livré nue aux regards ma muse courtisane.
    J'aurais, jeune Romain, au sénat, aux combats,
    Usé pour la patrie et ma voix et...

  •  
    « Tout est-il prêt ? partons. Oui, le mât est dressé ;
    Adieu donc. » Sur les bancs le rameur est placé ;
    La voile, ouverte aux vents, s'enfle et s'agite et flotte ;
    Déjà le gouvernail tourne aux mains du pilote.
    Insensé! vainement le serrant dans leurs bras,
    Femme, enfants, tout se jette au-devant de ses pas ;
    Il monte, on lève l'ancre. Élevé sur la...