•  
    Sous le tranquille azur du plus doux des climats,
    Une humble maisonnette au bord de la Dumas ;
    Une humble maisonnette aux persiennes blanches,
    Sous un réseau fleuri de liane et de branches,
    Où je puisse, à midi, rêvant au bruit des eaux,
    Mêler ma poésie aux rimes des oiseaux ;
    A droite, une rizière où le bengali chante ;
    D’un vieil arbre, à mon...

  •  
    Sois gai, secoue au vent ta tête libre et fière ;
    Respire à pleins poumons ta brise printanière ;
    Ris aux beaux jours ; jouis, rimeur insoucieux,
    Des parfums de la terre et de l’azur des cieux ;
    De ton avril cueillant les plaisirs et les roses,
    Raille nos soins jaloux, nos souvenirs moroses,
    Et, d’une lèvre vive où rit ta liberté,
    De tes...

  •  
    Eugène, puisque Juin, le plus feuillu des mois,
    Est de retour, veux-tu tous deux aller au bois ?
    Ensemble et seuls, veux-tu, sous l’épaisse ramure,
    Prendre un long bain de calme, et d’ombre, et de verdure ?
    Viens-t-en sous la forêt de Meudon ou d’Auteuil
    Ouïr gaîment siffler le merle et le bouvreuil.
    Vois, ami, le beau ciel ! la belle matinée !...

  •  

    Ami, l’onde est plus douce, et le vent à nos voiles
    Porte les frais parfums de la verte saison.
    Le sol berce les fleurs, l’eau berce les étoiles ;
    Voyez jouer la vague et fleurir le gazon.

    L’hiver au ciel de neige, aux jours gris et moroses,
    Descend, triste vieillard, dans le sombre tombeau ;
    Et la brise a baigné son aile au sein des roses,
    ...

  •  
    Ô lac des Goyaviers, dont l’onde paresseuse
    Caresse mollement sa rive lumineuse !
    Dans ton sein calme et bleu, comme en un clair miroir,
    Le ciel aime à mirer les étoiles du soir ;
    Et dans son vol léger la rapide hirondelle
    Aime à toucher tes flots du duvet de son aile :
    L...

  • Plus prompte que la vague aux perfides caresses,
    Plus prompte que l’aurore aux menteuses promesses,
    Plus prompte que la nuit aux brûlantes ivresses,
    Tu vins et t’en allas !

    Comme une terre nue et par l’hiver mouillée,
    Comme une nuit sans rêve et d’astres dépouillée,
    Comme...

  • Il était né dans la rizière
    Qui borde l’étang de Saint-Paul.
    Heureux, il vivait de lumière,
    De chant libre et de libre vol.

    Poëte ailé de la savane,
    Du jour épiant les lueurs,
    Il disait l’aube diaphane,
    Bercé sur la fataque en fleurs.

    Il hantait les gérofleries
    Aux belles grappes de corail,...

  • La vie et la douleur m’ont appris la sagesse,
    La voici : l’amour est mortel.
    Il meurt même avant nous, et l’homme, en sa détresse,
    N’a point d’ennemi plus cruel.

    Qu’est-ce donc que la vie ?...

  •  
    Ainsi que l’hirondelle au retour des hivers,
    Avide de soleil, de fleurs, de gazons verts,
    Vous fuyez ces cités que la froidure assiège,
    Ces climats où les vents ont des ailes de neige ;
    Et, prenant votre vol, vous allez au doux ciel
    Qu’emplit de ses rayons l’astre de Raphaël.
    Dans ces lieux où, baigné de rosée et de flammes,
    Fleurit l’amour, ce...

  •  

    Du sein des flots la lune émerge blonde et belle !
    L’éther ouvre à son vol de claires profondeurs.
    Sous ses flammes d’argent l’Océan étincelle.
    L’horizon est baigné de rêveuses splendeurs.

    O lune ! sur cette onde où ton globe se mire,
    Je vogue, et ma pensée à toi monte et t’admire.
    Et je te vois flotter, calme dans le ciel pur,
    Comme un...