• L'herbe est molle et profonde
    Sous les branches qui pendent,
    Lourdes de fruits et de fleurs blanches ;
    Lourde est la senteur enivrante,
    Et douce est l'ombre. On s'y étend ;
    Un sourd sommeil coule dans le sang.

    Et les branches s'abaissent et se penchent,
    Et vous caressent de longs frôlements,
    Vous caressent et vous soulèvent
    De la terre...

  • Quand, du sein de la mer profonde,
    Comme un alcyon dans son nid,
    L'Ame bretonne vint au monde
    Dans son dur berceau de granit,
    C'était un soir, un soir d'automne,
    Sous un ciel bas, cerclé de fer,
    Et sur la pauvre Ame bretonne
    Pleurait le soir, chantait la mer.

  • Ô temps ! si l'on pouvait dans ton urne profonde
    Puiser des jours nouveaux comme on puise de l'onde,
    J'en voudrais bien encor !

    Je dirais à la vie : oh ! que ta fleur renaisse !
    Et je reposerais sur mon front la jeunesse,
    Cette couronne d'or !

  • C'est la nuit ; la nuit noire, assoupie et profonde.
    L'ombre immense élargit ses ailes sur le monde.
    Dans vos joyeux palais gardés par le canon,
    Dans vos lits de velours, de damas, de linon,
    Sous vos chauds couvre-pieds de martres zibelines,
    Sous le nuage blanc des molles mousselines,
    Derrière vos rideaux qui cachent sous leurs plis
    Toutes les voluptés...