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    Au seuil noir de l’oubli, souterraine exilée,
    Seule avec mon miroir familier, j’y revois
    Le prestige lointain de ma vie écoulée ;
    Nul écho dans le vent ne me redit ma voix.

    Le rameur qui m’a pris l’obole du passage
    Et qui jamais ne parle aux ombres qu’il conduit,
    Me laissa ce miroir aimé de mon visage ;
    Je ne suis pas entrée entière dans la...

  •  
    Cette statue est charmante
    De la femme qu’elle fut
    Avant que cette eau dormante
    Reflétât son marbre nu ;

    Mais dans l’eau qui la reflète
    Au bassin ovale et clair
    Son ombre me semble faite
    Du souvenir de sa chair ;

    Et la pensée incertaine
    Est telle ou telle, suivant
    Que la voix de la fontaine
    Se mêle à la voix du vent...

  •  
    Quelle douleur immense te déchire,
    Gouffre sans fond, mer aux flots courroucés !
    O vague, ô vent, qu’avez-vous à vous dire,
    Qu’en vous heurtant ainsi vous gémissez ?
    Quel noir esprit dans vos flancs se déchaîne ?
    Où prenez-vous ces orageux sanglots ?
    Sourdes fureurs ! Est-ce démence ou haine ?
    Flot, qu’as-tu fait à ce vent qui m’entraîne ?...

  • L’ombre des arbres dans la rivière embrumée
    Meurt comme de la fumée,
    Tandis qu’en l’air, parmi les ramures réelles,
    Se plaignent les tourterelles.

    Combien, ô voyageur, ce paysage blême
    ...

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    L’ombre s’écarte autour de la lampe allumée
    Qui nous enferme en son halo de nacre et d’or...
    Le doux Poison s’enfle et grésille... L’ombre dort.
    La perle fauve, au bout de l’aiguille, est formée.

    Parmi les entrelacs flottants de la fumée,
    C’est à peine si ma chair vile existe encor.
    Mais l’oiseau Rêve, s’enlevant d’un mol essor,
    Sous son vol...

  • J’évoque, sous un ciel ignoré des regards,
    Au pays pacifique où des clartés sereines
    Attardent plus longtemps leur doux sourire épars,
    Un bois tout murmurant de sources léthéennes....

    Un soupir est dans l’air !... Tout le ciel en frémit !...
    Au gré de la lueur plus vive ou plus tremblante,
    Le bruit mélodieux s’élève ou s’assoupit,
    Si vague, qu’on...

  •  
    J’ai fait de mon Amour cette blanche statue.
    Regarde-la. Elle est debout, pensive et nue,
    Au milieu du bassin où la mire son eau
    Qui l’entoure d’un double et symbolique anneau
    De pierre invariable et de cristal fidèle.
    La colombe en passant la frôle de son aile,
    Car l’Amour est vivant en ce marbre veiné
    Qui de son long regard que rien n’a...

  • Quand l’ombre menaça de la fatale loi
    Tel vieux Rêve, désir et mal de mes vertèbres,
    Affligé de périr sous les plafonds funèbres
    Il a ployé son aile indubitable en moi.

    Luxe, ô salle d’ébène où, pour séduire un roi
    Se tordent dans leur mort des guirlandes célèbres,
    Vous n’êtes qu’un orgueil menti par les ténèbres
    Aux yeux du solitaire ébloui de sa foi...

  • Quand l’ombre menaça de la fatale loi
    Tel vieux rêve, désir et mal de mes vertèbres,
    Affligé de périr sous les plafonds funèbres
    Il a ployé son aile indubitable en moi.

    Luxe, ô salle d’ébène où, pour séduire un roi,
    Se tordent dans leur mort des guirlandes célèbres,
    Vous n’êtes qu’un orgueil menti par les ténebres
    Aux yeux du solitaire ébloui de sa...

  • Quand l’ombre menaça de la fatale loi
    Tel vieux Rêve, désir et mal de mes vertèbres,
    Affligé de périr sous les plafonds funèbres
    Il a ployé son aile indubitable en moi.

    Luxe, ô salle d’ébène où, pour séduire un roi,
    Se tordent dans leur mort des guirlandes célèbres,
    Vous n’êtes qu’un orgueil menti par les ténèbres
    Aux yeux du solitaire ébloui de sa...