• Jamais Hector aux guerres n’estoit lâche
    Lors qu’il alloit combattre les Gregeois.
    Tousjours sa femme attachoit son harnois,
    Et sur l’armet luy plantoit son pennache.

    Il ne craignoit la Pelienne hache
    Du grand Achille, ayant deux ou trois fois
    Baisé sa femme, et tenant en ses dois
    Quelque faveur de sa belle Andromache.

    Heureux cent fois toy...

  • Mon Jour était assis tout auprès d’une,
    L’entretenant à l’aise, et à repos,
    D’affection non autre, que commune,
    Mais comme on vient d’un à autre propos.
     Voici Amour sur eux gai, et dispos,
    Portant un arc, et traits à la Grégeoise,
    Lequel lâcha deux mots à la Bourgeoise,
    Et au partir lui dit : callimera !
    Lors soupeçon en mon cœur mit grand...

  • La nuict estoit pour moy si tresobscure,
    Que Terre, & Ciel elle m’obscurissoit,
    Tant, qu’à Midy de discerner figure
    N’avois pouvoir, qui fort me marrissoit :

    Mais quand je vis que l’aulbe apparoissoit
    En couleurs mille & diuerse, & seraine,
    Je me trouvay de liesse si pleine
    (Voyant desjà la clarté a la ronde)
    Que commençay louer a...

  • Je veux qu'on sçache au vray comme elle estoit armee
    Lors qu'elle print mon coeur au dedans de son fort,
    De peur qu'à ma raison on n'en donne le tort,
    Et de m'avoir failli qu'elle ne soit blasmee.

    Sa douceur, sa grandeur, ses yeulx, sa grace aimee,
    Fut le reng qui premier fit sur moy son effort ;
    Et puis de ses vertus un autre reng plus fort,
    Et...

  • C'estoit alors, quand, les chaleurs passees,
    Le sale Automne aux cuves va foulant
    Le raisin gras dessoubz le pied coulant,
    Que mes douleurs furent encommencees.

    Le paisan bat ses gerbes amassees,
    Et aux caveaux ses bouillans muis roulant,
    Et des fruictiers son automne croulant,
    Se vange lors des peines advancées.

    Seroit ce point un...

  • C'estoit assés de vos yeux pleins de charmes
    Pour vaincre ma raison ;
    Mais vous chantez encor ! ô quelle trahison !
    Doit-on blesser ceux qui rendent les armes ?
    Je voy bien que ma mort est tout vostre desir ;
    He bien ! je meurs ; mais je meurs de plaisir.

    Vous eussiez eu d'une mort plus cruelle
    L'esprit plus satisfait ;
    Mais pouviez-vous chanter et...

  • Il estoit bien seant que ce corps veritable,
    Qui fut le vestement du grand verbe incarné
    Fust conceu d'un pur sang sainctement façonné
    D'une qui ne se vist d'aucun peché coulpable.

    Il estoit bien seant, qu'à ce saint corps mourable
    Mort en fin pour ceux là pour lesquels il fut né
    Par un juste, et sainct homme un tombeau fut donné,
    Neuf et net qui ne...