• Pour contenter celuy, qui me tourmente,
    Chercher ne veulx remede a mon tourment :
    Car en mon mal voyant qu’il se contente,
    Contente suis de son contentement.

    Pour contenter celui qui me tourmente,
    Chercher ne veux remède à mon tourment :
    Car en mon mal voyant qu’il se contente,
    Contente suis de son contentement.

  • Prenez le cas, que, comme je suis vostre
    (Et estre veulx) vous soyez tout a moy :
    Certainement par ce commun bien nostre
    Vous me deburiez tel droict, que je vous doy.
    Et si Amour vouloit rompre sa Loy,
    Il ne pourroit l'un de nous dispencer,
    S'il ne vouloit contrevenir a soy,
    Et vous, & moy, & les Dieux offencer.

    Prenez le cas que,...

  • Puis qu’il t’à pleu de me faire congnoistre,
    Et par ta main, le VICE A SE MVER,
    Je tascheray faire en moy ce bien croistre,
    Qui seul en toy me pourra transmuer :
    C'est asçavoir, de tant m’esvertuer,
    Que congnoistras, que par esgal office
    Je fuiray loing d’ignorance le vice,
    Puis que desir de me transmuer as
    De noire en blanche, & par si...

  • Quand vous voyez, que l’estincelle
    De chaste Amour soubz mon esselle
    Vient tous les jours a s’allumer,
    Ne me debvez vous bien aymer ?

    Quand vous me voyez tousjours celle,
    Qui pour vous souffre, & son mal cele,
    Me laissant par luy consumer,
    Ne me debvez vous bien aymer ?

    Quand vous voyez, que pour moins belle
    Je ne prens contre vous...

  • Que d’auoir mal pour chose si louable,
    Comme a chascun son grand contentement,
    Tout bon esprit (tant soit peu raisonnable)
    Le pourra croire, & par bon iugement.

    Mais si voulez congnoistre clerement,
    Lequel des deux à sur plaisir puissance,
    Fauldra gouster d’vn meur entendement
    L’heur, & malheur de vostre congnoissance.

    Que d’avoir mal...

  • Quelle puissance Amytié puisse avoir,
    Quand la vertu y est au vif empraincte,
    Tu le pourras clerement icy veoir,
    Appercevant une affection saincte
    De chaste amour si haultement attaincte
    En foy loyalle, & si bien poursuyvie,
    Quelle peult cy, sans aucune contraincte,
    (Maulgré la Mort) faire taire l’Envie.

    Quelle puissance amitié puisse...

  • Sçais tu pourquoy de te veoir i’euz enuie :
    C’est pour ayder a l’ouurier qui cessa
    Lors, qu’assembla en me donnant la vie,
    Les differentz, ou apres me laissa.

    Car m’esbauchant Nature s’efforça
    D’entendre, & veoir pour nouuelle ordonnance
    Ton hault sçauoir, qui m’accroist l’esperance
    Des Cieulx promise, ainsi que ie me fonde,
    Que me feras...

  • Si le seruir merite recompense,
    Et recompense est la fin du desir,
    Tousiours vouldrois seruir plus, qu’on ne pense,
    Pour non venir au bout de mon plaisir.

    Si le servir mérite récompense,
    Et récompense est la fin du désir,
    Toujours voudrais servir plus qu’on ne pense,
    Pour non venir au bout de mon plaisir.

  • Si tu ne veulx l’anneau tant estimer,
    Que d’vn baiser il te soit racheptable :
    Tu ne doibs pas, au moins si peu l’aymer,
    Qu’il ne te soit, non pour l’or acceptable,
    Mais pour la main, qui pour plus rendre estable
    Sa foy vers toy, te l’à voulu lyer
    D’vn Dyamant, ou tu peulx desplier
    Vn cueur taillé en face pardurable,
    Pour te monstrer, que ne...

  • Soit que par esgalle puissance
    L'affection, & le desir
    Debattent de la jouyssance
    Du bien, dont se veulent saisirz :
    Si vous voulez leur droict choisir,
    Vous trouverez, sans fiction,
    Que le desir en tout plaisir
    Suyura tousjours l'affection.

    Soit que par égale puissance
    L'affection et le désir
    Débattent de la jouissance
    ...