• A qui est plus un Amant obligé
    Ou a Amour, ou vrayement a sa Dame  ?
    Car son service est par eulx redigé
    Au ranc de ceulx, qui ayment los, & fame.

    À luy il doibt le cueur, a elle l’Ame,
    Qui est autant, comme a tous deux la vie  :
    L’un a l’honneur, l’autre a bien le conuie  :
    Et toutesfois voicy un tresgrand poinct,
    Lequel me rend ma pensee...

  • L’ame, & l’esprit sont pour le corps orner,
    Quand le vouloir de l’Eternel nous donne
    Sens, & sçauoir pour pouuoir discerner
    Le bien du bien, que la raison ordonne.

    Par quoy si Dieu de telz biens te guerdonne,
    Il m’à donné raison, qui à pouuoir
    De bien iuger ton heur, & ton sçauoir.

    Ne trouve donc chose si admirable,
    Si a bon droict...

  • Beaulté mortelle icy en vain souspire,
    Puis que la Mort le corps soubdain ravit.
    Mais Vertu vive, & qui jamais n’empire,
    Comme l’Esprit au Ciel, en Terre vit.

    Si grand Esprit se sentant a malaise
    D’estre en son corps estroictement enclos,
    Comme un gros feu en estroicte fournaise,
    Ne peut durer longuement en son clos.

    Aussi afin que plus ne...

  • Ce grand renom de ton meslé sçavoir
    Demonstre bien, que tu es l’excellence
    De toute grace exquise pour avoir
    Tous dons des Cieulx en pleine jouyssance.

    Peu de sçavoir, que tu fais grand nuysance
    A mon esprit, qui n’à la promptitude
    De mercier les Cieulx pour l’habitude
    De celui là, ou les trois Graces prinses
    Contentes sont de telle servitude...

  • Comme le corps ne permect point de veoir,
    A son esprit, ny sçauoir sa puissance :
    Ainsi l’erreur, qui tant me faict avoir
    Deuant les yeulx le bandeau d’ignorance,
    Ne m’à permis d'auoir la congnoissance
    De celuy là, que pour pres le chercher
    Les Dieux avoient voulu le m’approcher :
    Mais si hault bien ne m’àsceu apparoistre.
    Parquoy a droict l’on...

  • En Daulphiné Ceres faisoit encor moisson,
    Estant a Millery Bacchus en sa boisson :
    Parquoy ie puis iuger, voyantz les vins si vertz,
    Que Venus sera froide encor ces deux hyuerz.

    En Dauphiné Cérès faisait encore moisson,
    Étant à Millery Bacchus en sa boisson :
    Par quoi je puis juger, voyant les vins si verts,
    Que Vénus sera froide encore ces deux...

  • Esprit celeste, & des Dieux transformé
    En corps mortel transmis en ce bas Monde,
    A Apollo peulx estre conformé
    Pour la vertu, dont es la source, & l’onde.
    Ton eloquence avecques ta faconde,
    Et hault sçavoir, auquel tu es appris,
    Demonstre assez le bien en toy compris :
    Car en doulceur ta plume tant fluante
    A merité d’emporter gloire,...

  • Le grand desir du plaisir admirable
    Se doit nourrir par vn contentement
    De souhaicter chose tant agreable,
    Que tout esprit peult rauir doucement.

    O que le faict doit estre grandement
    Remply de bien, quand pour la grande enuie
    On veut mourir, s’on ne l’à promptement :
    Mais ce mourir engendre vne autre vie.

    Le grand désir du plaisir admirable...

  • Le hault pouvoir des astres à permis
    (Quand je nasquis) d’estre heureuse & servie :
    Dont congnoissant celuy, qui m’est promis,
    Restee suis sans sentyment de vie,
    Fors le sentir du mal, qui me convie
    A regraver ma dure impression
    D’amour cruelle, & doulce passion,
    Ou s’apparut celle divinité,
    Qui me cause l’imagination
    A contempler...

  • L’heur de mon mal, enflammant le desir,
    Feit distiller deux cueurs en vn debuoir :
    Dont l’vn est vif pour le doulx desplaisir,
    Qui faict que Mort tient l’autre en son pouuoir.

    Dieu aueuglé, tu nous as faict auoir
    Du bien le mal en effect honnorable :
    Fais donc aussi, que nous puissions auoir
    En noz espritz contentement durable.

    L’heur de mon...