• Quand le paysan sème, et qu’il creuse la terre,
    Il ne voit que son grain, ses bœufs et son sillon.
    ― La nature en silence accomplit le mystère, ―
    Couché sur sa charrue, il attend sa moisson.

    Quand sa femme, en rentrant le soir, à sa chaumière,
    Lui dit : « Je suis enceinte », ― il attend son enfant.
    Quand il voit que la mort va saisir son vieux père,
    ...

  • O vous, race des dieux, phalange incorruptible,
    Electeurs brevetés des morts et des vivants;
    Porte-clefs éternels du mont inaccessible,
    Guidés, guédés, bridés, confortables pédants!
    Pharmaciens du bon goût, distillateurs sublimes,
    Seuls vraiment immortels, et seuls autorisés;
    Qui, d'un bras dédaigneux, sur vos seins magnanimes,
    Secouant le tabac de vos...

  • J'aimais les romans à vingt ans.
    Aujourd'hui je n'ai plus le temps ;
    Le bien perdu rend l'homme avare.
    J'y veux voir moins loin, mais plus clair ;
    Je me console de Werther
    Avec la reine de Navarre.
    Et pourquoi pas ? Croyez-vous donc,
    Quand on n'a qu'une page en tête,
    Qu'il en faille chercher si long,
    Et que tant parler soit honnête ?
    ...

  • Le palais de l’empereur. — Au fond, un jardin derrière une colonnade.

    SCÈNE PREMIÈRE ― CHŒUR DE GUERRIERS, CHŒUR DE JEUNES FILLES.

    CHŒUR DES JEUNES FILLES.

    Guerriers, d’où venez-vous ? Pendant ces jours de fête,
    Quel heureux sort vous ramène en ces lieux ?
    Quelle main triomphante a sur vos nobles têtes
    Posé ces lauriers...

  • I

    « Je vous ai vue enfant, maintenant que j'y pense,
    Fraîche comme une rose et le coeur dans les yeux.
    - Je vous ai vu bambin, boudeur et paresseux ;
    Vous aimiez lord Byron, les grands vers et la danse. »

    Ainsi nous revenaient les jours de notre enfance,
    Et nous parlions déjà le langage des vieux ;
    Ce jeune souvenir riait entre nous deux,
    ...

  • Fatigué, brisé, vaincu par l'ennui,
    Marchait le voyageur dans la plaine altérée,
    Et du sable brûlant la poussière dorée
    Voltigeait devant lui.

    Devant la pauvre hôtellerie,
    Sous un vieux pont, dans un site écarté,
    Un flot de cristal argent
    Caressait la rive fleurie.

    Deux oisillons,...

  • J'ai lu ta vive Odyssée
    Cadencée,
    J'ai lu tes sonnets aussi,
    Dieu merci !

    Pour toi seul l'aimable Muse,
    Qui t'amuse,
    Réserve encor des chansons
    Aux doux sons.

    Par le faux goût exilée
    Et voilée,
    Elle va dans ton réduit
    Chaque nuit.

    Là, penchée à ton oreille
    Qui s'éveille,
    Elle te berce...

  • Voltaire, ombre auguste et suprême,
    Roi des madrigaux à la crème
    Des vermillons et des paniers
    Assis au pied de ta statue,
    Je me disais : « Qu’est devenue
    Cette perruque à trois lauriers ?

    O Corisandres ! me disais-je,
    Mouches que, sur un sein de neige,
    L’abbé posait du bout du doigt !
    Bonnes marquises, nos aïeules,
    Qui, sans être...