• A Catulle mendès.

    Les Parisiens, entendus
    Aux riens charmants plus qu'au bien-être,
    Se font des jardins suspendus
    D'un simple rebord de fenêtre,

    On peut voir en toute saison
    Des fils de fer formant treillage
    Faire une fête à la maison
    De quelques bribes de feuillage.

    Dès qu'il a fait froid, leurs couleurs
    Ne sont plus que...

  • Derrière l'épaisseur lucide du carreau
    Un paysage grêle, une miniature,
    Fait voir chaque détail plus petit que nature
    Et tient entre les quatre arêtes du barreau.

    Ce transparent posé d'aplomb sur le tableau
    Montre un ciel triste encore et d'une couleur dure,
    Des gens qui vont, les champs, des arbres en bordure,
    Et les flaques de pluie où l'azur luit...

  • ... La blondeur obsédante et fauve de l'été
    Élimant le satin défraîchi des corolles,
    Enamoure d'un long baiser l'urne des trolles
    Et des lys martagons de pourpre mouchetés. [...]

  • Tu réveilles en moi des souvenirs confus.
    Je t'ai vu, n'est-ce pas ? moins triste et moins modeste.
    Ta tête sous l'orage avait un noble geste,
    Et l'amour se cachait dans tes rameaux touffus.

    D'autres, autour de toi, comme de riches fûts,
    Poussaient leurs troncs noueux vers la voûte céleste.
    Ils sont tombés, et rien de leur beauté ne reste ;
    Et toi-même...

  • Laissons l'âtre mourir ; courons à l'aventure.
    Le brouillard qui s'élève est largement troué ;
    La fontaine reprend son murmure enjoué ;
    La clématite grimpe à chaque devanture.

    Le ciel fait ondoyer les plis de sa tenture ;
    Une tiède vapeur monte du sol houé ;
    L'air doux est plein de bruits ; les bois ont renoué,
    Dans les effluves chauds, leur discrète...

  • Près des. monts de Judée, arides, sans fraîcheurs,
    Et des monts de Moab aux sèves fécondantes,
    L'Asphaltite maudit berce ses eaux mordantes,
    Où jamais ne tomba le filet des pécheurs.

    Les rocs nus sont rayés de sinistres blancheurs.
    Serait-ce un reste froid de vos cendres ardentes,
    Impudiques cités ? Les vagues abondantes
    Ont-elles pu laver le front...

  • Moïse, agenouillé sur le mont Sinaï,
    Plus haut que les rochers où l'aigle pend son aire,
    Reçoit devant le ciel, aux éclats du tonnerre,
    La table de la loi des mains d'Adonaï.

    Par un souffle infernal se sent tout envahi
    Le peuple qui l'attend. Ingrat et mercenaire,
    Il façonne un veau d'or, l'exalte et le vénère,
    Au mépris du Dieu bon qu'il a cent...

  • La terre verdissait, qui venait d'émerger
    Des primitives eaux. L'antre au sombre orifice
    Était, en ces jours-là, son unique édifice,
    Et l'homme vagabond y pouvait héberger.

    Or, deux frères vivaient : un semeur, un berger.
    Ils offrirent à Dieu le premier sacrifice.
    Le berger fut béni. L'autre, usant d'artifice,
    L'attira sur son coeur afin de l'...

  • Et Dieu dit, regrettant l'excès de sa bonté
    - La terre que j'ai faite est livrée au désordre ;
    Elle ignore mon nom et méprise mon ordre ;
    Demain son dernier jour enfin sera compté.

    Il verse des torrents ; et c'est sa volonté
    Que ces eaux de vengeance aillent couvrir ou mordre
    Des gorges et des bras que l'horreur fait se tordre...
    Mais l'amour ne...

  • Enfin j'ai secoué la poussière des villes ;
    J'habite les champs parfumés.
    Je me sens vivre ici, dans ces cantons tranquilles,
    Sur ces bords que j'ai tant aimés.

    L'ennui me consumait dans tes vieilles murailles,
    O noble cité de Champlain !
    Je ne suis pas, vois-tu, l'enfant de tes entrailles,
    Je ne suis pas né châtelain.

    Je suis né dans les...