• Laisse-moi raison importune,
    Cesse d'affliger mon repos,
    En me faisant mal à propos
    Désespérer de ma fortune :
    Tu perds temps de me secourir,
    Puisque je ne veux point guérir.

    Si l'amour en tout son empire,
    Au jugement des beaux esprits,
    N'a rien qui ne quitte le prix
    A celle pour qui je soupire,
    D'où vient que tu me veux ravir
    L'aise...

  • Quelques louanges nonpareiIles
    Qu'ait Apelle encor aujourd'hui,
    Cet ouvrage plein de merveilles
    Met Rabel au-dessus de lui.

    L'art y surmonte la nature,
    Et si mon jugement n'est vain,
    Flore lui conduisait la main
    Quand il faisait cette peinture.

    Certes il a privé mes yeux
    De l'objet qu'ils aiment le mieux,
    N'y mettant point de...

  • Ainsi quand Mausole fut mort
    Artémise accusa le sort :
    De pleurs se noya le visage :
    Et dit aux astres innocents
    Tout ce que fait dire la rage,
    Quand elle est maîtresse des sens.

    Ainsi fut sourde au réconfort,
    Quand elle eut trouvé dans le port
    La perte qu'elle avait songée,
    Celle de qui les passions
    Firent voir à la mer Egée
    Le...

  • N'égalons point cette petite,
    Aux déesses que nous récite
    L'histoire des siècles passés.

    Tout cela n'est qu'une chimère :
    Il faut dire pour dire assez,
    Elle est belle comme sa mère.

  • C'est assez, mes désirs, qu'un aveugle penser,
    Trop peu discrètement vous ait fait adresser
    Au plus haut objet de la terre ;
    Quittez cette poursuite, et vous ressouvenez
    Qu'on ne voit jamais le tonnerre
    Pardonner au dessein que vous entreprenez.

    Quelque flatteur espoir qui vous tienne enchantés,
    Ne connaissez-vous pas qu'en ce que vous tentez
    Toute...

  • Belle âme, aux beaux travaux sans repos adonnée,
    Si parmi tant de gloire et de contentement
    Rien te fâche là-bas, c'est l'ennui seulement
    Qu'un indigne trépas ait clos ta destinée.

    Tu penses que d'Yvry la fatale journée,
    Où ta belle vertu parut si clairement,
    Avecque plus d'honneur et plus heureusement
    Aurait de tes beaux jours la carrière bornée....

  • Voici de ton Etat la plus grande merveille,
    Ce fils où ta vertu reluit si vivement ;
    Approche-toi, mon prince, et vois le mouvement
    Qu'en ce jeune Dauphin la musique réveille.

    Qui témoigna jamais une si juste oreille
    A remarquer des tons le divers changement ?
    Qui jamais à les suivre eut tant de jugement,
    Ou mesura ses pas d'une grâce pareille ?
    ...

  • Objet divin des âmes et des yeux,
    Reine, le chef-d'oeuvre des cieux :
    Quels doctes vers me feront avouer
    Digne de te louer ?

    Les monts fameux des vierges, que je sers
    Ont-ils des fleurs en leurs déserts,
    Qui s'efforçant d'embellir ta couleur,
    Ne ternissent la leur ?

    Le Thermodon a su seoir autrefois,
    Des reines au trône des rois :
    ...

  • Quel astre malheureux ma fortune a bâtie ?
    A quelles dures lois m'a le Ciel attaché,
    Que l'extrême regret ne m'ait point empêché
    De me laisser résoudre à cette départie ?

    Quelle sorte d'ennuis fut jamais ressentie
    Egale au déplaisir dont j'ai l'esprit touché ?
    Qui jamais vit coupable expier son péché,
    D'une douleur si forte, et si peu divertie ?
    ...

  • Caliste, en cet exil j'ai l'âme si gênée
    Qu'au tourment que je souffre il n'est rien de pareil :
    Et ne saurais ouïr ni raison, ni conseil,
    Tant je suis dépité contre ma destinée.

    J'ai beau voir commencer et finir la journée,
    En quelque part des cieux que luise le soleil,
    Si le plaisir me fuit, aussi fait le sommeil :
    Et la douleur que j'ai n'est jamais...